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ans, qu’une éducation toute gymnastique et militaire ; c’était ce qu’il leur fallait pour servir, le moment venu, soit dans les hoplites ou fantassins pesamment armés, soit dans la cavalerie, qui comprenait les Athéniens les plus riches, les fils des meilleures familles. Des instructeurs, choisis par l’état, présidaient, sous les noms de pœdotribes et de cosmes, à tous les exercices. Jamais on n’a même vu se poser, dans les républiques anciennes, la question qui nous préoccupe aujourd’hui, celle de savoir si le service militaire doit être général et obligatoire. Le citoyen s’y confondait avec le soldat. Si parfois on admettait qu’il fût dérogé à ce principe, les exceptions avaient un tout autre sens que chez les modernes, elles étaient déterminées et justifiées par des motifs tout contraires. En France, jusqu’à ce jour, grâce au remplacement, les jeunes gens appartenant à la classe aisée trouvaient moyen d’échapper à l’impôt du sang. A Rome, jusqu’à Marins, ce furent les prolétaires qui restèrent exclus des légions ; il ne semblait point qu’ils eussent une part suffisante aux bénéfices de l’association politique pour être vraiment intéressés à la défendre, à lui sacrifier leur temps, leur santé et leur vie.

Les jeunes Athéniens étaient soumis pendant deux ans à la discipline de l’éphébie. Sans cesser de demeurer dans leurs familles, ils étaient astreints à des exercices communs où se faisait l’apprentissage du futur soldat. Tantôt ils luttaient dans les gymnases ou couraient dans le stade, tantôt ils manœuvraient sur les places publiques ; tantôt, comme ceux que Phidias nous a montrés dans la procession des Panathénées, vêtus de la légère chlamyde et rangés derrière, leurs chefs, ils figuraient dans les fêtes religieuses de la cité, ils défilaient au son de la flûte, dans ses processions solennelles. Au bout de ce temps, ils étaient présentés au peuple dans une assemblée qui se tenait au théâtre de Bacchus. Là, sous les yeux de la foule qui aimait à voir en eux l’espoir de la patrie ou, comme disait Périclès, le printemps de la cité, ils recevaient l’épée et le bouclier.

Une autre cérémonie non moins imposante précédait ou suivait, — nous ne savons lequel des deux termes il faut employer, — cette présentation au peuple : c’était la prestation du serment civique dans le bois sacré d’Agraulos, lieu auquel se rattachaient quelques-uns des plus vieux souvenirs du culte primitif de l’Attique. Le texte de ce serment nous a été conservé. Il est assez court, dans sa noble et grave simplicité, pour que nous puissions le citer tout entier :

« Je ne déshonorerai pas les armes sacrées, et je ne quitterai pas le compagnon de rang à côté duquel j’aurai été placé. Seul ou avec d’autres,