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rendez-vous qui lui était assigné, de sorte que l’enquête, qui s’est poursuivie jusqu’à ce moment dans l’ombre discrète des commissions, prend désormais le caractère d’un débat public et solennel devant le pays. Après l’empire, le 4 septembre, tout doit y passer. Toujours est-il que M. d’Audiffret a été le premier à poser la question dans des termes tels que toutes les responsabilités sont en jeu, qu’il n’y a plus moyen de se réfugier dans les demi-jours, et en prenant cette attitude dans son premier discours il répondait à un sentiment universel, à une sorte d’impatience publique qui s’est sentie soulagée par cette courageuse franchise.

Les partisans de l’empire se plaignent avec âpreté aujourd’hui, ils accusent le président de la commission des marchés de ses révélations, et ils ont tort, car M. d’Audiffret a évité habilement tout ce qui aurait pu ressembler à une partialité trop amère contre un gouvernement tombé. Non, il ne s’est pas laissé aller aux représailles posthumes, il n’a récriminé contre personne, pas même contre l’empereur, ni contre les ministres qui se sont succédé. Il a simplement accusé les choses, le système, l’omnipotence autocratique, l’absence de tout contrôle, c’est-à-dire en un mot tout ce qui a été l’essence de l’empire. Est-ce que, s’il y avait eu un contrôle sérieux et efficace, la guerre du Mexique aurait été possible ? Est-ce qu’on aurait pu en 1866 commettre ces terribles fautes politiques qui ont fatalement conduit à des fautes nouvelles en 1870 ? De même dans les affaires administratives : on a beau multiplier les surveillances, les formalités, les règlemens, tout est illusoire, parce que le vrai contrôle n’existe pas, parce que l’omnipotence qui est au sommet couvre les omnipotences subalternes qui se cachent à tous les degrés, si bien que la cour des comptes elle-même devient impuissante. Il y a encore une apparence d’organisme régulier ; au fond, il n’y a que le caprice universel, et ce caprice conduit à une situation où l’on a pu engager une guerre sans savoir au juste ce que la France avait de ressources, où il a pu se trouver deux généraux soutenant avec une égale bonne foi, l’un qu’il y avait 10,000 canons, l’autre qu’il n’y en avait pas 3, 000. Sait-on ce que c’est que cette confusion de la guerre de 1870 ? C’est l’expiation cruelle d’une omnipotence infatuée et inhabile. M. d’Audiffret a mis le doigt sur la plaie, sur les conséquences désastreuses d’un contrôle annulé ou vicié ; il a rendu palpable la fatale cause de tout le mal, et c’est là ce qui a fait de son discours un acte politique saisissant et décisif.

M. le duc d’Audiffret-Pasquier a eu le mérite de fixer une multitude d’impressions vagues, de préciser le sens et la portée de cette enquête qu’il dirige comme président de la commission des marchés. Il est bien clair qu’une telle enquête ne peut pas être uniquement une œuvre d’histoire ou un aliment offert à des curiosités, à des passions banales ; elle ne peut pas avoir le sort de toutes les enquêtes qui ont été faites et qui