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les uns comme pour les autres, on maintient les mêmes conditions d’admission : les études de la première année demeureront communes ; quelques cours spéciaux, comportant 60 leçons pendant chacune des deux autres années, seront substitués, pour les élèves de l’agriculture, à un nombre égal de leçons détachées sans inconvénient de l’enseignement industriel. On estime que 25 ou 30 élèves suivront chaque année les cours agricoles pour obtenir à la fin de leurs trois années d’études un diplôme spécial.

Le gouvernement s’est empressé d’approuver le nouvel enseignement, qui n’imposera aucune charge au budget. Il a promis d’accorder toutes les facilités pour que les élèves soient admis à visiter à Paris et dans les départemens les écoles, marchés et collections qui se rapportent à l’objet de leurs études, et il rétablira les missions à l’étranger que le ministère de l’agriculture avait mises autrefois à la disposition des trois meilleurs élèves de l’institut de Versailles. Dans ces conditions et par des combinaisons habilement préparées, l’école se propose de créer une pépinière d’hommes d’élite, capables soit d’administrer de grands domaines, soit de remplir avec compétence les fonctions publiques qui intéressent l’agriculture, soit de se consacrer au professorat. On ne saurait imaginer un procédé plus simple ni plus certain pour faire revivre l’institut agronomique qui avait été fondé en 1848.

Les décisions récemment prises achèvent de constituer solidement, pour toutes les branches de travail, le haut enseignement professionnel. La regrettable lacune qui subsistait encore sera comblée. Il reste à examiner si l’École centrale, avec son organisation définitive et son effectif de cinq cents élèves, peut suffire à tous les besoins. Cette question, que l’on a déjà étudiée en 1863, est destinée à se reproduire, et elle paraît vivement controversée. Les uns estiment que l’enseignement supérieur n’est accessible qu’à un nombre restreint d’intelligences, que l’on ne décrète pas à volonté un chiffre d’élèves qui soient en état de suivre les cours de théorie, qu’il faut tenir compte de l’inévitable rareté des professeurs éminens, et que l’intérêt mutuel de la science et de l’industrie conseille d’entretenir à Paris un seul établissement, dont l’École centrale réalise si complètement le type. Les autres, sans méconnaître la nécessité de maintenir le niveau des cours, répondent que l’enseignement des sciences industrielles pourrait être réparti sur plusieurs points de la France, comme l’est celui des autres sciences. Il leur semble désirable de multiplier pour cet ordre de connaissances les centres d’instruction, ainsi qu’on l’a fait pour les lettres et le droit, qui comptent plusieurs facultés : n’avoir qu’une école installée à Paris, ce serait s’obstiner dans le système de centralisation