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Parfaitement les matières, les outils et les rouages, il n’est pas indispensable qu’il sache travailler de ses mains. Il combine et dirige les opérations, il n’opère pas lui-même. Rien n’empêche d’ailleurs qu’à la sortie de l’école il entre comme ouvrier dans un atelier ; c’est ce que font beaucoup d’ingénieurs-mécaniciens, et alors cet apprentissage, dans la mesure où il est utile, peut être très rapide.

Le meilleur argument à invoquer en faveur du système d’études, c’est le résultat. Si l’on parcourt la liste des élèves qui depuis quarante ans sont sortis de l’École centrale avec le diplôme ou le certificat de capacité, on rencontre la plupart des noms qui ont marqué dans les grandes œuvres industrielles de notre époque ; on observe également que tel élève qui a obtenu le diplôme dans la section des métallurgistes ou des chimistes a changé facilement de carrière et s’est fait constructeur ou mécanicien, les fortes études théoriques qui sont communes à toutes les sections se prêtant à cette apparente transformation. Dans la période quinquennale de 1853 à 1857, le nombre des ingénieurs sortis de l’École centrale avait été de 76, année moyenne. Sous la direction de l’état, l’effectif des élèves s’étant augmenté, la moyenne quinquennale s’est élevée à 111 par an de 1858 à 1862, et à 133 par an de 1863 à 1867. Ce chiffre ne pourra pas être sensiblement dépassé, car il importe, dans l’intérêt même de l’école, que les examens de sortie continuent à être sévères. Les jeunes ingénieurs se dispersent sur tous les points de la France et du monde ; ils se partagent entre toutes les branches d’industrie. Les chemins de fer, français ou étrangers, en emploient un très grand nombre. Dans quelques compagnies, le personnel de la direction, de l’inspection et du service des dépôts est composé en grande partie d’anciens élèves de l’École centrale.

La construction et l’exploitation des chemins de fer se sont développées fort à propos pour ouvrir une carrière à ceux qui n’avaient pas à l’avance leur place assignée dans les forges ou dans les grandes usines. Jusqu’Ici l’encombrement ne s’est pas produit, c’est-à-dire que les ingénieurs civils trouvent encore assez facilement des emplois. Si l’industrie suit sa marche normale, le contingent annuel des ingénieurs civils que peut fournir l’école n’excédera pas les besoins. Il est prudent toutefois de se prémunir contre les éventualités défavorables. Le jeune homme qui entre à l’École polytechnique est assuré d’une carrière militaire ou civile au service de l’état : il n’en est pas de même pour celui qui entre à l’École centrale. Il convient donc de rechercher quels seraient les emplois nouveaux qui pourraient être confiés utilement à cette catégorie d’ingénieurs. Par une circulaire adressée aux préfets en 1870, le