pour que les femmes fussent exclues des études et des offices des gens d’affaires. Cette affirmation a de l’importance de la part d’un homme qui s’est trouvé à la tête de la magistrature britannique.
Il y a une autre branche de fonctions que l’on voudrait voir plus souvent livrée aux femmes, c’est celle de contre-maîtresse et de directrice dans les manufactures. Les ateliers qui n’emploient que la main-d’œuvre féminine ne peuvent-ils avoir des femmes pour surveillantes ? On a des exemples heureux d’une pareille organisation en Angleterre, notamment à Nottingham ; on en a aussi quelques-uns en France ; ce serait là une vaste carrière ouverte aux femmes de tête et d’expérience. Les sociétés anglaises pour l’avancement industriel des femmes voudraient rendre plus fréquens des faits qui ne sont encore qu’exceptionnels. Une loi du parlement qui date de quelques années est venue appuyer ces tendances ; d’après ce bill, une bande d’ouvriers agricoles (agricultural gang) ne peut comprendre dans son sein des travailleurs du sexe féminin à moins qu’il n’y ait à leur tête pour les surveiller une femme offrant des garanties (a woman of staid character) et ayant obtenu une licence personnelle du magistrat local. Les sociétés anglaises dont nous parlons ne se contentent pas d’assurer le sort des femmes de la classe ouvrière : avec un esprit de logique incontestable, elles s’efforcent d’ouvrir aux femmes des classes moyennes les professions savantes et libérales, comme la carrière de l’enseignement et la pratique de la médecine : ce n’est pas là, selon nous, un excès de zèle.
De l’Angleterre, passons à l’Allemagne. Le mouvement n’y est pas moins accentué ; seulement ici l’état reste spectateur immobile, et ce sont les particuliers qui jouent le rôle d’initiateurs. Dans un rapport adresse il y a quelques années au ministre de l’instruction publique, M. Beaudoin, inspecteur de l’université, chargé d’étudier en Belgique, en Allemagne et en Suisse l’état de l’enseignement technique, écrivait ce qui suit : « L’intelligence des filles est aussi développée que celle des garçons ; elles pourraient aussi bien qu’eux calculer, rédiger des bordereaux, tenir des livres, faire la correspondance, et, si le commerce les employait dans l’intérieur, les négocians auraient à leur disposition un grand nombre de jeunes gens qui sont occupés aujourd’hui au service des bureaux. Enfin les riches commerçans pourraient appeler ces jeunes filles dans leurs familles pour les charger de donner à leurs enfans une sorte d’éducation commerciale qui les disposerait à comprendre et à seconder un jour le commerçant qu’elles devraient épouser. Donc il faut ouvrir pour les jeunes filles un enseignement analogue à l’enseignement commercial que la chambre de commerce fait donner aux garçons. Telles sont les pensées qui se sont présentées à l’esprit de quelques personnes, et sur-le-champ il s’est trouvé dans Leipzig,