gouvernement moderne les néglige, ou surtout les combatte par antipathie religieuse proprement dite. Cependant elles sont faibles, leurs adversaires sont forts, et ce sont elles qui doivent le plus souvent payer le prix du concours que l’on demande aux autres. La maison d’Orange avait de graves soucis à l’endroit de ses nouveaux sujets catholiques. Ceux-ci obéissaient aveuglément à leur clergé, qui, de son côté, ne respectait que les ordres émanés du saint-siège. Or, si la catholicité à peu près tout entière avait perdu de vue l’église catholique épiscopale de Hollande, si dans son pays même cette église ne pouvait plus compter que sur l’estime, d’ailleurs froide et peu utile, de la majorité réformée, il y avait une puissance qui n’avait cessé de diriger des yeux très grands ouverts sur ce débris de l’ancien catholicisme national, et qui pressentait les graves embarras que cet épiscopat régulier, resté debout à travers tant d’orages meurtriers et d’accalmies peut-être plus mortelles encore, pourrait un jour susciter à sa politique envahissante. Les nonces accrédités à La Haye ou à Bruxelles ne cessaient de manœuvrer auprès du gouvernement néerlandais pour obtenir de lui des mesures qui, directement ou indirectement, missent un terme à ce schisme désormais insignifiant, qui du moins ne pouvait plus servir qu’à scandaliser inutilement les âmes catholiques. Quand la cour de Rome vit enfin qu’elle ne parviendrait pas à son but par cette voie détournée, elle s’avisa d’un autre moyen. En 1828, le nonce Capaccini reçut pour instructions d’inviter les évêques récalcitrans à prêter les mains à un arrangement dont la base serait qu’ils fissent volontairement abdication de leurs titres. L’entrevue qui eut lieu à La Haye entre ce nonce et l’archevêque van Santen, et dont la teneur a été soigneusement consignée, est trop caractéristique de tout ce débat pour que nous n’en reproduisions pas les traits essentiels.
Capaccini, en voyant venir l’archevêque, commença par le combler d’éloges personnels et par protester du désir qui animait le saint-père de voir le schisme apaisé d’une manière qui pût contenter les deux partis, et surtout ne rien coûter à la dignité ni aux convictions d’hommes aussi éclairés, aussi respectables que les titulaires de l’épiscopat séparé. Puis, comme l’archevêque demeurait passablement interdit à l’ouïe de tant de complimens, qui contrastaient étrangement avec le langage auquel ses collègues et lui étaient habitués de la part des représentans du siège romain, il ajouta que, dans sa bonté paternelle, le pape consentait à réduire tout le différend à un point vraiment insignifiant, à une simple signature qu’il l’invitait à mettre au-dessous d’une bulle faisant désormais partie de la tradition catholique et sans application actuelle,