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« Art. 13. — La religion chrétienne ayant pour objet essentiel de porter les hommes à la vertu, les membres de toutes les communions chrétiennes jouiront d’une entière sécurité pour leurs personnes, leurs propriétés et le libre exercice de leurs pratiques religieuses, et une protection efficace sera donnée aux missionnaires qui se rendront pacifiquement dans l’intérieur du pays, munis des passeports réguliers. Aucune entrave ne sera apportée par les autorités de l’empire chinois au droit qui est reconnu à tout individu en Chine d’embrasser, s’il le veut, le christianisme et d’en suivre les pratiques, sans être passible d’aucune peine infligée pour ce fait. »


La convention ajoutée en 1860 au traité de Tien-tsin par le baron Gros compléta dans l’article suivant une clause du traité Lagrené :


« Conformément à l’édit impérial rendu le 20 mars 1846 par l’auguste empereur Tao-Kouang, les établissemens confisqués aux chrétiens pendant les persécutions dont ils ont été les victimes seront rendus à leurs propriétaires par l’intermédiaire du ministre de France en Chine, auquel le gouvernement impérial les fera délivrer avec les cimetières et autres édifices qui en dépendaient. »


Les interprètes du baron Gros ajoutèrent au texte chinois de l’article 3 de la convention la phrase qui suit :


« Il est en outre permis aux missionnaires français de louer et d’acheter des terrains dans toutes les provinces, et d’y ériger des édifices à leur convenance. »


Nous ne savons si le baron Gros eut ou non connaissance de cette addition. Quoi qu’il en pût être, il lui devenait impossible de réagir contre les faits accomplis ; le traité devait être inévitablement aux yeux des Chinois une consécration de leur défaite. Demandez aux vieux missionnaires, à ceux qui sont établis depuis longtemps en Chine, s’ils préfèrent la nouvelle situation à celle dont ils jouissaient sous le régime du traité Lagrené. Leur entrée au cœur des provinces se faisait alors graduellement ; dans le Kiang-nan, le Tche-kiang, le Fokien, le Kouang-toung et plusieurs autres provinces que nous avons visitées, les églises, les communautés s’organisaient, la restitution des anciennes propriétés des chrétiens s’opérait même sans secousses, les missions recouvraient peu à peu sinon ces propriétés elles-mêmes, du moins des biens équivalens ; s’il s’élevait de temps en temps quelque orage, il pouvait être conjuré aussi bien que maintenant. Des relations de politesse, d’amitié même, existaient sur beaucoup de points entre les mandarins et les