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déterminante sur sa résolution, c’est l’exemple du Japon, qui a maintenant des chemins de fer, des télégraphes, une monnaie, des machines à tisser, et qui vient, par un traité récent, de se créer des relations avec la Chine.

L’exploitation des mines par les procédés de l’Occident sera commencée très prochainement, parce que la Chine y voit des bénéfices immédiats. Ses arsenaux, les steamers qu’elle possède, lui font déjà une loi de se procurer de la houille à bon marché. Avec les moyens très simples qu’elle emploie, les mines de Formose, celles des rives du Fleuve-Bleu, livrent dès maintenant à la consommation plus de 15,000 tonnes ; mais ces charbons sont d’une qualité inférieure : il est devenu urgent de mettre en exploitation d’autres mines dont on connaît les gisemens, et dont les produits seraient supérieurs. Il était stipulé dans la convention Alcock que certaines mines spécialement désignées allaient être mises en rapport au moyen d’un outillage venu de l’étranger ; le rejet de la convention n’arrêtera pas une entreprise dont le gouvernement chinois reconnaît pleinement l’utilité.

Pour les motifs que nous avons signalés, la Chine est peu disposée à concéder aux étrangers la libre navigation de ses fleuves. Le ministre anglais avait obtenu que, dans un des grands lacs qui avoisinent le Fleuve-Bleu, le lac Poyang, un steamer fût détaché pour remorquer les chalands que les étrangers envoient trafiquer en ces parages ; mais le lac n’a qu’une importance médiocre au point de vue commercial, et peut faciliter seulement les transactions du port de Kiou-kiang. On avait aussi obtenu que des navires étrangers à voiles, de petit tonnage, pussent naviguer dans lus fleuves. C’était encore là une concession insignifiante, car les négocians n’auraient trouvé aucun avantage à remplacer par de petits cotres, des lougres ou des lorchas, les jonques et chalands chinois, fort commodes, dont ils se servent actuellement. Sir Rutherford Alcock n’avait pas été plus heureux dans ses efforts pour ouvrir de nouveaux ports au commerce étranger. Les négocians demandaient qu’on leur donnât l’accès de quelques points au-dessus de Han-kou, grand marché situé à 220 lieues environ de l’embouchure du Fleuve-Bleu ; les steamers peuvent remonter deux fois plus haut encore avant d’arriver aux rapides qui sont les premiers obstacles à la navigation. Les Chinois autorisèrent la fréquentation d’une ou deux stations situées entre Han-kou et Shanghaï ; ils consentirent à l’ouverture d’un nouveau port sur la côte, à la condition que l’on renoncerait à un ou deux des ports concédés dix ans auparavant par le traité de Tien-tsin. C’est là certainement le côté le plus faible de la convention Alcock et celui sur lequel les Chinois prêtent