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dit-il, les magistriens me gardent; informez-vous s’ils me permettraient de vous suivre. — Nous ne sommes pas députés aux magistriens, mais à vous, firent observer les commissaires; c’est à vous de décider. » Dioscore se renfermant dans la même excuse, les commissaires partirent. Ils sortaient à peine de la maison, que l’accusé fit courir après eux. « J’ai réfléchi, dit-il, que les magistrats, dans la première action, ont prononcé quelque chose que le concile veut révoquer maintenant en m’appelant devant lui. Je demande que, si je comparais, les magistrats et les sénateurs alors présens le soient encore à ma comparution. — Le saint concile ne veut rien changer à ce que les magistrats ont résolu, répondit l’évêque d’Ariarathée, un des commissaires. — Vous m’avez pourtant dit, répliqua Dioscore, qu’Eusèbe avait présenté une requête contre moi; je désire qu’elle soit examinée en présence des magistrats et des sénateurs. » Un des commissaires, prenant la parole, dit à ce moment : « Vous nous avez assuré d’abord que, si vos gardiens l’autorisaient, vous viendriez au concile; or l’autorisation vous en est donnée par le lieutenant du maître des offices, que nous avons rencontré là-bas et qui nous accompagne. Voulez-vous ou non vous rendre au concile? répondez nettement. — Je viens d’apprendre, reprit Dioscore, que les magistrats et les sénateurs ne sont point à l’assemblée; je n’ai rien de plus à vous dire. » Les trois évêques s’en allèrent.

Leur rapport ayant été fait à l’assemblée, celle-ci envoya une seconde députation de trois évêques, porteurs d’une seconde citation : c’étaient Pergamius, métropolitain d’Antioche en Pisidie, Cécropius de Sébastopolis et Rufin de Samosate, lesquels étaient accompagnés aussi d’un notaire. Ils rencontrèrent chez Dioscore les mêmes subterfuges que leurs prédécesseurs. « J’ai déjà déclaré, leur dit-il, que je suis retenu chez moi par la maladie, et, mon état s’aggravant, j’ai différé de me rendre à la sommation. — Vous aviez parlé non point de maladie, mais seulement de l’absence des magistrats, répondit Cécropius. Allons, agissez comme il est digne d’un évêque, obéissez au concile. » Pressé pareillement par Rufin, Dioscore s’enquit si Juvénal, Thalassius, Eusèbe, Basile et Eustathe, ses anciens vice-présidens d’Éphèse, se trouvaient à l’assemblée. «Le concile ne nous a point chargés de répondre à cette question, reprit assez durement Pergamius. — Eh bien ! répliqua Dioscore, j’ai prié l’empereur d’ordonner que les magistrats qui m’ont déjà entendu assistent à ce nouvel examen de ma cause, ainsi que les évêques avec lesquels elle m’est commune. — Eusèbe n’accuse que vous seul, répondit Cécropius, et, quand on examine une affaire d’après les canons, on n’a besoin de la présence ni des magistrats ni d’aucun laïque. — Ce que j’ai dit est dit, » répliqua Dioscore, et les en-