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particulières nécessitées par la présence de l’armée d’occupation. Ces arrangemens pris à la hâte ne pouvaient avoir qu’un caractère provisoire[1], et il était indispensable, dans l’intérêt des deux pays et spécialement dans l’intérêt de l’Alsace-Lorraine, de remplacer par une convention nouvelle et définitive non-seulement l’ancien traité franco-prussien, mais encore les traités conclus avec le duché de Bade en 1856 et avec la Bavière en 1858. Il convient en effet que deux grands pays qui sont limitrophes ne demeurent point privés des avantages réciproques qui résultent d’un bon service postal. De même qu’au lendemain de la guerre on s’est empressé de niveler les routes, de ressouder les rails et de rouvrir toutes les voies à la circulation, de même, quelle que puisse être la vivacité des ressentimens entre deux peuples qui viennent à peine de déposer les armes, il faut réorganiser au plus vite l’échange des correspondances publiques et privées, les postes, les télégraphes, en un mot tout ce qui entretient les relations internationales. La politique le conseille, et l’intérêt du travail l’exige. En se rapprochant pour négocier le nouveau traité qui a été signé à Versailles le 12 février 1872, les deux gouvernemens ont obéi à une nécessité impérieuse. Il reste à juger l’œuvre des négociateurs, qui ne doit être définitive qu’après avoir été approuvée par le pouvoir législatif en France et en Allemagne.


II

Toute convention postale a pour objet premièrement de faciliter l’échange des correspondances entre les deux nations contractantes, en second lieu de régler les conditions auxquelles chacun des deux pays peut faire passer sur le territoire de l’autre les correspondances adressées à une destination plus lointaine. Il s’agit, dans le premier cas, des dépêches internationales ; dans le second cas, des dépêches de transit. On doit régler les modes de transports, le

  1. il est aujourd’hui sans intérêt d’examiner ces arrangemens. Nous dirons cependant quelques mots d’une convention signée le 10 mars, à Reims, par les directeurs-généraux des postes de France et d’Allemagne. Dans ce document, sorti des presses de l’Imprimerie nationale, on lit des phrases telles que celles-ci : « Le gouvernement allemand consent à ce que l’administration des postes françaises sera remise…, sans que ce fait donnera lieu à aucun décompte… Les habitans seront avertis déjà dès à présent… etc… » Il ne faut pas toujours juger du fond par la forme ; mais si le négociateur français n’a pas mieux défendu nos intérêts qu’il n’a défendu notre langue, nous devons regretter doublement qu’un acte ainsi libellé figure dans nos archives diplomatiques. L’Allemand ne s’est pas borné à dicter les clauses de la convention : il les a écrites, et il leur a donné la marque de ses solécismes. On aurait bien dû nous épargner cette disgrâce.