on vit mourir le pape Anastase, fauteur, lui aussi, d’un pontife hérétique. C’est ainsi que se « venge le Dieu qui est plus puissant que tous les princes ecclésiastiques et séculiers, et qui punit d’autant plus fortement ceux qui ne peuvent être punis par d’autres. Cette mort fut du reste un bonheur ; car, si (ce qu’à Dieu ne plaise) Benoît eût donné suite audit procès, il se fût constitué fauteur notoire d’hérésie, et, s’il eût vécu davantage, j’aurais poursuivi devant lui le redressement des injustices que (sauf son respect) il avait commises contre nous. »
Clément laissait tout dire et ne voulait se prononcer sur rien. Comme les chaleurs approchaient, il donna terme aux parties jusqu’au premier jour plaidoyable du mois d’août. Nogaret passa, le 21 mai, tant pour lui que pour Plaisian, une procuration à Alain de Lamballe et à deux gentilshommes français, Bertrand Agathe et Bertrand de Rocca-Negada, pour la continuation de l’affaire. Les défenseurs de Boniface donnèrent de leur côté une semblable procuration à Jacques de Modène. Le motif de ces délégations était sans doute le désir qu’avaient Nogaret, Plaisian, Pierre de Broc de passer le Rhône et d’aller dans la sénéchaussée de Beaucaire et en Languedoc suivre les intérêts de l’état, sans oublier les leurs. Nous voyons en effet Enguerrand de Marigni et Nogaret, « conseillers et chevaliers du roi, » visitant le Languedoc en 1310, et ordonnant, entre autres choses, la revente des bois achetés pour la construction du port de Leucate. Nous voyons en outre que Pierre de Broc, étant à Montpellier le 13 octobre 1310, commit Hugues de La Porte, procureur du roi de la sénéchaussée, pour s’enquérir de la valeur de la terre de Jonquières, sur laquelle il voulait assigner 8 livres 12 deniers tournois de rente qui manquaient encore au dernier assignat fait en faveur de Nogaret. Pendant la durée du procès d’Avignon, Plaisian figure aussi dans plusieurs affaires. Le samedi après la fête de l’Invention de la sainte croix 1310, il est chargé d’un arbitrage pour la construction du pont Saint-Esprit. Le mercredi après la Saint-Barnabé 1311, on le voit engagé dans une requête pour obtenir l’établissement de marchés et de foires dans ses domaines de Boicoran (ou Boucoiran) et Vezenobre. Cette faculté lui est refusée par suite des idées économiques du temps sur la nécessité de ne pas faire concurrence aux marchés existans ; mais le roi l’appelle dilectus et fidelis G. de Plaisiano, miles noster. Le dimanche après la Nativité de saint Jean-Baptiste 1311, nous voyons encore Plaisian redresser une grave erreur judiciaire.
Au temps de la délégation, c’est-à-dire aux mois d’été de l’an 1310, appartient un écrit des deux Guillaumes dont nous ne possédons que l’extrait. C’est un manifeste énergique en faveur des rois