Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

milieu d’un nombre considérable d’assistans, laïques, clercs, moines surtout, venus, comme nous l’avons dit, de l’Egypte, de la Palestine et de la Haute-Syrie, qui avaient été des premiers à se transporter de Nicée à Chalcédoine. L’archimandrite Barsumas s’y trouvait avec ses mille moines assommeurs, devenus sinistrement fameux dans la poursuite des nestoriens. Retenu par les affaires de la guerre, l’empereur Marcien n’y parut pas ; mais il y fut représenté par de hauts fonctionnaires de l’état et des sénateurs, au nombre de dix-neuf, ayant à leur tête un personnage consulaire, Anatolius, maître de l’une et l’autre milice. La présidence de l’assemblée était dévolue à ces magistrats, que nous verrons dans toutes les séances où ils assistèrent fixer l’ordre des délibérations, conduire les débats, poser les questions, formuler les avis, repousser même parfois les résolutions auxquelles inclinait le concile pour leur en substituer d’autres, enfin donner des conclusions quand les évêques avaient opiné. On eût dit une cour de justice civile dirigeant une assemblée ecclésiastique. Telle était la constitution des conciles, jugeant sur des questions de fait, parfois même sur des questions de dogme. La règle était que, lorsque les officiers impériaux assistaient à une séance, ils la présidaient comme représentant la puissance souveraine. Deux notaires du consistoire impérial, Béronicien, et Constantin, faisaient l’office de secrétaires synodaux et d’interprètes lorsqu’il fallait traduire soit les pièces, soit les dépositions du latin en grec.

Les magistrats prirent place dans la nef de la basilique, adossés à la balustrade du chœur ; les évêques se rangèrent dans les travées, à droite et à gauche. À l’extrémité de la nef, du côté des portes et faisant face aux magistrats, étaient des enceintes réservées aux accusateurs, aux accusés, et aux témoins ou pétitionnaires admis à la barre, lesquels ne devaient point être confondus parmi les juges. Les légats du pape siégèrent en tête des évêques, à gauche des magistrats, place d’honneur chez les Romains. Ils y siégèrent ensemble, l’évêque Paschasinus d’abord, Lucentius ensuite, puis Cœlius Bonifacius, qui, bien que simple prêtre de l’église romaine, se trouva primer par son rang le corps des évêques orientaux. Au-dessous de Bonifacius venaient le patriarche de Constantinople, celui d’Antioche, l’archevêque de Césarée et l’exarque d’Éphèse. Tels étaient les premiers rangs dans la travée de gauche. En tête de la droite s’assirent le patriarche d’Alexandrie, Dioscore, Juvénal de Jérusalem, l’évêque d’Héraclée en Macédoine, remplaçant le patriarche de Thessalonique, et l’évêque de Corinthe. Les autres évêques se groupèrent par diocèses à la suite de leurs métropolitains : ceux d’Orient, de Pont, d’Asie, de Cappadoce, à gauche, ceux d’Egypte, de Palestine et d’Illyrie, à droite ; de sorte que tout le parti de Dioscore se trouva concentré de ce dernier côté, tandis que