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Il fallait jeter ce rapide coup d’œil sur les écoles de- commerce américaines pour montrer en quoi elles se distinguent de celle d’Anvers, qui a servi de modèle aux nôtres. Là-bas, on n’a que des écoles spéciales, ici seulement nous avons affaire à une véritable école supérieure. En Amérique, on tient à sortir de l’école le plus vite possible, au bout de quelques mois, et à gagner tout de suite le plus d’argent qu’on peut. En Belgique au contraire, on garde les jeunes gens longtemps, et on ne les renvoie que capables d’être immédiatement des chefs de maison. A l’institut d’Anvers, le fonctionnement du bureau, l’étude de la géographie commerciale et industrielle, des langues étrangères, de l’économie politique et de la statistique, complètement négligées aux États-Unis, ne sont pas seuls à remplir les deux années que les élèves passent sur les bancs. On y étudie aussi les principes de la morale et du code civil, le droit commercial et maritime, le droit des gens, la législation douanière comparée, l’histoire générale du commerce et de l’industrie, l’armement et la construction des navires, enfin l’histoire des produits négociables des trois règnes, appuyée sur de nombreux échantillons et sur des essais de marchandises qu’on exécute dans le laboratoire de chimie. Tout cet ensemble constitue un enseignement de tout point supérieur, si bien que le gouvernement belge regarde l’institut d’Anvers comme l’équivalent d’une véritable université. L’institut dépend du ministère de l’intérieur, il est doté à la fois par l’état et par la commune ; le produit des inscriptions scolaires complète le budget de l’établissement. La durée des cours est de deux ans. A côté de l’institut est l’école préparatoire de commerce, où les candidats qui ne sont pas suffisamment exercés se préparent aux examens d’entrée. Ceux-ci portent sur les élémens du français, de l’anglais et de l’allemand, sur les principes de la géographie, de l’histoire universelle, de l’arithmétique commerciale, de l’algèbre, de la géométrie et de la physique. A l’issue des examens de seconde année, les élèves obtiennent un diplôme de capacité. Ceux qui ont subi leurs épreuves avec le plus de distinction reçoivent en outre une bourse de voyage à l’étranger ; ils peuvent aussi être admis dans les consulats à titre d’élèves.

L’institut a été fondé en 1852, et depuis n’a cessé de fonctionner. Moitié environ des élèves sont étrangers, principalement Anglais, Allemands, Suédois, Norvégiens, Danois, Américains, Espagnols des Antilles. Quelques-uns ignorent à peu près le français en entrant à l’école, mais l’y apprennent vite, car les cours se font dans cette langue. Bon nombre des anciens élèves d’Anvers occupent aujourd’hui une haute position commerciale ; néanmoins une partie des négocians de la ville persiste à penser que cette école est à peu près