Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/650

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
CHEMINS DE FER
AUX ETATS-UNIS

Chapters of Erie and other essays, by Ch. and H. Adams. Boston 1871.

On ne conteste guère que les chemins de fer exercent une puissante influence sur la vie politique et sociale des nations ; on admet aussi que cette influence est moindre dans l’ancien monde que dans une contrée récemment peuplée telle que les États-Unis de l’Amérique du Nord. Un pays en train de se coloniser ne connaît pas les rivalités locales ni les intérêts de. clocher que réveille chez nous le plus insignifiant projet de chemin de fer départemental. Le réseau de voies ferrées que l’émigrant trouve en débarquant à New-York est en quelque sorte un élément du climat, comme les eaux, le sol et la température. C’est d’après le tracé des rails que le pionnier choisit sa nouvelle demeure. Nous croyons volontiers les auteurs de Chapters of Erie quand ils disent que leur pays a été enfanté par les locomotives, et que, sans bateaux à vapeur ni chemins de fer, l’Union américaine ne subsisterait pas. L’idée même d’une confédération entre trente-sept états et dix territoires, dont la surface totale équivaut à celle de l’Europe entière, se concevrait-elle sans la vapeur, qui diminue les distances et confond les citoyens des diverses provinces ? Les chemins de fer ont du reste une fois déjà sauvé l’Union par les services qu’ils ont rendus aux armées fédérales lors de la guerre de la sécession, car les hommes du nord n’auraient jamais dompté les insurgés du sud, s’ils n’avaient eu de