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dont le procès des templiers va nous présenter un exemple plus célèbre, et dont la spoliation des banquiers lombards en 1291 avait offert un premier essai non moins odieux. On remarquera que, dans les trois cas, ce furent des motifs canoniques qu’on mit en avant pour justifier des vols évidens.

Une affaire encore plus importante vint bientôt servir la fortune de Nogaret et l’élever à la plus haute dignité à laquelle il pût aspirer. Depuis plusieurs années, le roi et ses conseillers intimes, dans les vastes plans qu’ils faisaient et défaisaient sans cesse, plaçaient en première ligne la suppression de l’ordre du Temple. Nous avons vu les fils les plus cachés de cette affaire presque à nu dans l’analyse que nous avons donnée des écrits de Pierre Du Bois. Faire du roi de France le chef de la chrétienté ; sous prétexte de croisade, lui mettre entre les mains les possessions temporelles de la papauté, une partie des revenus ecclésiastiques et surtout les biens des ordres voués à la guerre sainte, voilà le projet hautement avoué de la petite école secrète dont Du Bois était l’utopiste et dont Nogaret fut l’homme d’action. Le légiste qui avait, au profit du roi, spolié les juifs, abattu Boniface, était naturellement désigné pour cette nouvelle exécution ; aussi dom Vaissète regarde-t-il Nogaret comme le véritable promoteur de cette affaire. Une note d’un des registres du trésor des chartes nous apprend que l’élévation de Nogaret à la dignité de garde du sceau royal eut lieu le 22 septembre 1307, « quand il fut question de l’arrestation des templiers. » Nogaret était bien l’instrument qu’il fallait dans une affaire qui demandait peu de scrupule, une imperturbable impudence et une longue pratique des subtilités de la chicane. Le roi étant à l’abbaye de Maubuisson, le 14 septembre 1307, y avait fait expédier les lettres pour l’arrestation des templiers ; d’autres lettres datées de Maubuisson, le 20 septembre, ordonnaient l’interrogatoire des mêmes templiers. La nomination de Nogaret à la place de garde du sceau coïncida donc avec la résolution prise en conseil d’arrêter à la fois tous les membres de l’ordre. Cette arrestation simultanée, semblable à celle qui fut pratiquée en 1291 sur les banquiers lombards, en 1306 sur les juifs, paraît une invention de l’esprit hardi, sombre et cruel de Nogaret. En tout cas, ce fut lui qui, comme garde du sceau royal, présida à cette œuvre ténébreuse, où, pour atteindre un but légitime à quelques égards, on entassa les calomnies, on éleva un échafaudage d’impostures, on employa le plus affreux appareil de tortures qu’on eût jamais vu. L’histoire doit plutôt de la pitié que de l’intérêt à un ordre qui au fond avait des reproches graves à se faire ; mais elle ne peut que flétrir la conduite du magistrat inique qui encouragea les faux témoignages, égara systématiquement l’opinion, la remplit de