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LA POLITIQUE
DU SECOND EMPIRE

I. Rêveries politiques, par Louis-Napoléon Bonaparte, 1831. — II. Idées napoléoniennes, par le même, 1839. — III. Discours, proclamations, lettres de l’empereur Napoléon III.

Le second empire est tombé après avoir abouti à des désastres qui dépassent encore ceux qui avaient marqué la double chute du premier. Le souvenir de Sedan nous laisse-t-il assez froids pour nous permettre de juger avec la sérénité de l’historien le régime qui nous l’a valu ? Waterloo est encore un sujet de disputes ; mais ce qui ne l’est point, ce qui ne saurait l’être, c’est l’enchaînement des causes qui ont conduit le premier empire à Waterloo, et qui le destinaient à finir par un désastre militaire. De même, si l’émotion, les souffrances présentes ou l’indignation nous rendent difficile l’histoire des défaites inouïes dont la France saigne encore, il est moins malaisé de nous rendre compte des causes qui les ont amenées. En détournant les yeux de la ruine finale du second empire, trop récente peut-être pour être appréciée dans ces chutes successives, se répétant les unes les autres de Sedan à Metz, de Paris au Jura, nous pouvons chercher par quelle voie longue et cachée, par quelle pente secrète nous allions, sans paraître nous en douter, à une catastrophe.

Les grands événemens, même les plus inattendus, ont des causes lointaines et multiples ; c’est parce qu’elle ne les voit pas que la foule s’en étonne comme de prodiges presque surnaturels. Les malheurs de la France n’échappent pas à cette loi. Pour en étudier les causes premières, celles qui rendent notre convalescence si lente et si précaire, il faudrait remonter loin dans notre passé, pénétrer