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interdisait aux clercs de passer d’une église à l’autre sans la permission de l’évêque de qui ils dépendaient, sous peine d’excommunication contre le clerc et contre l’évêque qui l’aurait reçu. — Ces propositions, remises par le secrétaire consistorial entre les mains du patriarche Anatolius, furent l’objet de quatre canons que le concile vota plus tard en se les appropriant, mais dont l’initiative, comme on le voit, appartenait à l’autorité séculière, dans l’intérêt de la police et du bon ordre public.

Avant de lever la séance, l’empereur déclara qu’en l’honneur de la sainte martyre Euphémie et en mémoire du concile tenu pour la foi à Chalcédoine, il octroyait à cette ville les privilèges de métropole, de nom seulement et honorifiquement, sauf le droit et la dignité de la cité de Nicomédie. Ces paroles furent suivies d’acclamations universelles, dans lesquelles Marcien fut qualifié de prêtre et de pontife, vainqueur dans la guerre, docteur dans la foi. « Chalcédoine, disait-on encore, a mérité le titre de métropole ; la décision de l’empereur est juste, elle est digne de la sainte martyre… Que la sainte te garde, pieux empereur ; mais maintenant renvoie-nous. — Pas encore, répondit Marcien. Je sais que vous êtes fatigués par vos longs voyages et par vos constans travaux ; pourtant restez encore trois ou quatre jours, et en présence de nos magistrats décidez ce qui vous conviendra pour le bien de l’église, et que personne de vous ne s’éloigne avant la clôture du concile. »

Une des questions générales qui restaient à régler, et la plus importante sans contredit, était l’abolition solennelle du second synode d’Éphèse, de ses actes et même de son nom : Eusèbe de Dorylée l’avait demandée lors de la troisième action au concile, qui en avait renvoyé l’examen à un autre temps ; les légats depuis lors en avaient renouvelé la proposition à l’empereur, espérant obtenir de lui une loi expresse. La flétrissure d’une assemblée où l’église de Rome avait été offensée dans la personne du pape et de ses légats tenait fort au cœur des Occidentaux, et faisait partie des instructions du pape Léon ; mais l’empereur répugnait à rendre à ce sujet une loi qui pouvait réveiller les passions mal éteintes dans le concile et très vivaces sur plusieurs points de l’empire. La concorde en effet se trouvait rétablie, non sans peine, entre les évêques ; une définition avait été unanimement souscrite où l’hérésie d’Eutychès était condamnée ; le patriarche Dioscore, déposé, expiait dans l’exil les crimes du faux synode qu’il avait présidé, et ses assesseurs n’avaient reçu leur pardon du présent concile qu’en anathématisant les doctrines de l’archevêque d’Alexandrie et celles d’Eutychès ; que pouvait-on faire de plus contre un conciliabule dont les conséquences étaient détruites et les chefs punis ou venus à résipiscence ?