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métropolitains. La lecture finie, l’empereur demanda si tous étaient d’accord sur cette confession de foi ; l’assistance répondit d’une commune voix : « Tous nous croyons ainsi, tous nous avons souscrit volontairement, tous nous sommes orthodoxes ; » puis les acclamations recommencèrent en l’honneur de Marcien Auguste et de Pulchérie Augusta. On leur donnait les noms de lumières de la foi et de flambeaux de l’univers. « Vous êtes la paix de l’empire, leur disait-on encore, puisse votre foi vous conserver à jamais ! »

Quand le bruit des acclamations eut cessé, l’empereur reprit la parole en ces termes : « La foi catholique ayant été déclarée, nous estimons juste et utile d’ôter à l’avenir tout prétexte de divisions. En conséquence, quiconque suscitera des troubles en public à propos de la foi, soit par des rassemblemens, soit par des discours, sera sévèrement châtié ; si c’est un particulier, on le chassera de la ville impériale, si c’est un officier, il sera cassé, si c’est un clerc, il encourra la déposition, nonobstant d’autres peines civiles. » Ces paroles, qui étaient la sanction du décret du concile, furent accueillies avec enthousiasme. On cria : « Anathème à Nestorius ; anathème à Eutychès ; anathème à Dioscore ! C’est la Trinité qui les a condamnés ; c’est la Trinité qui les a chassés, » faisant allusion au nombre trois de ces hérétiques, qui semblaient aussi former une trinité de mensonge et de blasphème.

La séance continua sous la présidence des Augustes. « Il existe, dit l’empereur, quelques articles de discipline que nous vous avons respectueusement réservés, jugeant convenable qu’ils soient prescrits canoniquement par le concile plutôt que commandés par nos lois, » et sur l’ordre du prince le secrétaire Béronicien en donna lecture. Il y en avait trois ; le premier s’exprimait ainsi : « Nous estimons dignes d’honneur ceux qui embrassent sincèrement la vie monastique ; cependant, comme il en est qui, sous ce prétexte, troublent l’église et l’état, nous avons ordonné que personne ne bâtisse un monastère sans le consentement de l’évêque de sa ville et du propriétaire de la terre. Nous rappelons encore aux moines, tant des villes que de la campagne, qu’ils doivent être soumis à leur évêque, et que leur vie est avant tout une vie de paix, de jeûne et de prière, entièrement étrangère aux affaires de l’état ou de l’église. Ils ne pourront en outre recevoir dans leurs monastères des esclaves sans la volonté des maîtres. » Cet article était dirigé contre les partisans d’Eutychès, qui fourmillaient dans les retraites monacales sur toute l’étendue de l’empire. — Le second article défendait aux clercs et aux moines de prendre des terres à ferme ou de se charger des fonctions d’intendant, à moins que l’évêque ne leur confiât le soin des terres de l’église. — Le troisième enfin