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rallumer les torches de la guerre au milieu d’un travail de pacification, Enfin on s’accorda sur un projet que nous donnerons tout à l’heure. Quand tout fut convenu, les magistrats, suivis des évêques, allèrent reprendre leurs places dans l’assemblée, et la séance recommença. Ce n’était pas précisément, comme l’empereur avait paru le désirer, une formule brève et concise définissant le mystère de l’incarnation, comme le symbole de Nicée avait défini celui de la trinité, c’était une exposition assez longue dont une portion pouvait servir à l’usage qu’en voulait faire Marcien. Les magistrats s’en contentèrent prudemment, et le projet fut présenté au concile comme voté par l’unanimité de la commission.

Quand tout le monde fut assis, le chef des magistrats prononça ces paroles : « Plaise au saint synode d’écouter en silence ce que les très saints évêques réunis à l’oratoire viennent de décréter sur la foi, nous présens. » L’archidiacre Aétius, prenant alors la minute de la définition dressée au nom du concile, en donna lecture au milieu d’une profonde attention. Elle commençait par une transcription du symbole de Nicée et de celui de Constantinople, servant pour ainsi dire de préambule. « Ces deux symboles, y disait-on ensuite, avaient suffi longtemps à la connaissance de la foi ; mais tout récemment les ennemis de la vérité avaient inventé de nouvelles expressions pour anéantir le dogme de l’incarnation, les uns en refusant à la vierge Marie le titre de mère de Dieu (théotocos), les autres en introduisant dans la personne de Jésus une confusion et un mélange des deux natures, et forgeant cette opinion insensée et monstrueuse, qu’il n’y a qu’une nature de la chair et de la divinité et que la nature divine du fils de Dieu est sujette à la souffrance comme sa nature humaine. C’est pourquoi le saint concile œcuménique, voulant mettre à néant ces entreprises sacrilèges et montrer que la doctrine de l’église est inébranlable, arrête la définition suivante :

« Que l’on doit confesser un seul et même Jésus-Christ notre seigneur, le même parfait dans la divinité et parfait dans l’humanité, vraiment Dieu et vraiment homme, le même composé d’une âme raisonnable et d’un corps, — consubstantiel au père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l’humanité, — en tout semblable à nous, hormis le péché, — engendré du père avant les siècles selon la divinité, et dans les derniers temps né de la vierge Marie, mère de Dieu selon l’humanité, pour nous et pour notre salut ; un seul et même Jésus-Christ fils unique, seigneur en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation, sans que l’union ôte la différence des natures : au contraire la propriété de chacune est conservée, et concourt en une seule personne et une