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que droit devant eux. Par une cruelle ironie, un brave et vieux général ne pouvait marcher qu’en reculant. La volonté qui part du cerveau ne s’exerce donc pas sur nos organes locomoteurs eux-mêmes ; elle s’exerce sur des centres nerveux secondaires qui doivent être pondérés par un équilibre physiologique parfait.

Il est une autre méthode expérimentale plus délicate, qui consiste à introduire dans le sang des substances toxiques diverses destinées à porter leur action sur les élémens anatomiques des organes laissés en place et conservés dans leur intégrité. À l’aide de cette méthode, on peut éteindre isolément les propriétés de certains élémens nerveux et cérébraux de la même manière qu’on isole aussi les autres élémens organiques musculaires ou sanguins. Les anesthésiques, par exemple, font disparaître la conscience et engourdissent la sensibilité en laissant la motricité intacte. Le curare au contraire détruit la motricité, et laisse dans leur intégrité la sensibilité et la volonté ; les poisons du cœur abolissent la contractilité musculaire, l’oxyde de carbone détruit la propriété oxydante du globule sanguin sans modifier en rien les propriétés des élémens nerveux. Comme on le voit, par cette méthode d’investigation ou d’analyse élémentaire des propriétés organiques, le cerveau et les phénomènes dont il est le siége peuvent encore être atteints de la même manière que tous les autres appareils fonctionnels du corps.

Enfin il est une troisième méthode d’expérimentation, qu’on pourrait appeler celle des expériences par rédintégration. Cette méthode réunit en quelque sorte l’analyse et la synthèse physiologiques, elle nous permet d’établir par preuve et par contre-épreuve les relations qui relient la fonction à son organe dans les manifestations cérébrales. Lorsqu’on enlève le cerveau chez les animaux inférieurs, la fonction de l’organe est nécessairement supprimée ; mais la persistance de la vie chez ces êtres permet au cerveau de se reformer, et, à mesure que l’organe se régénère, on voit ses fonctions reparaître. Cette même expérience peut également réussir chez des animaux supérieurs tels que des oiseaux, chez lesquels l’intelligence est beaucoup plus développée. Les lobes cérébraux ayant été enlevés chez un pigeon par exemple, l’animal perd immédiatement l’usage de ses sens et la faculté de chercher sa nourriture. Toutefois, si l’on ingurgite la nourriture à l’animal, il peut survivre, parce que les fonctions nutritives sont restées intactes tant que leurs centres nerveux spéciaux ont été respectés. Peu à peu, le cerveau se régénère avec ses élémens anatomiques spéciaux, et, à mesure que cette régénération s’opère, on voit les usages des sens, les instincts et l’intelligence de l’animal revenir. Ici, je me plais à le répéter, l’expérience a été complète ; il y a eu en quelque sorte