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LES
ORIGINES DU GERMANISME

III.
L’ETAT SOCIAL ET LES INSTITUTIONS DES GERMAINS SELON TACITE[1].

Malgré les nuages qui nécessairement devaient obscurcir sa vue, Tacite a distingué quelques traits de la religion des Germains. Comment jugera-t-il de leurs institutions, de leurs aptitudes sociales et politiques, de leur caractère moral? Nous-mêmes, quel fruit tirerons-nous d’un tel examen? Ne nous offrira-t-il pas les premières ébauches de quelques-unes des institutions qui animent le monde moderne? L’historien romain a pressenti tous les problèmes; il a voulu particulièrement savoir à quel degré de civilisation, à quel état social en étaient arrivés les peuples qu’il observait. À cette question qu’il s’est posée, il a répondu par une conception originale et forte, à laquelle il faut s’attacher pour la dégager de ses termes concis, et la rendre avec ce qu’elle comporte d’utile développement.

Les sciences physiques nous enseignent, à la suite de leurs plus récentes découvertes, l’équivalence du mouvement, de la chaleur et de la force ; elles aspirent à trouver une formule qui expliquera par le mouvement la nature et la vie. Il en va de la sorte, nous le savons depuis longtemps, dans le monde moral, auquel répugnent absolument l’immobilité et l’inertie. L’histoire des peuples, de ceux-là du moins qui méritent ce nom et sont autre chose que des tri-

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.