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force morale qui résulte de l’opinion de l’Europe ; on sait ce que vaut cette opinion, on a vu ce qu’elle a été pendant la guerre. Il faut donc, par la libération du territoire, chercher à nous affranchir des caprices du vainqueur ; toutes nos pensées doivent tendre vers ce but. Seulement il importe de ne pas se méprendre sur l’énormité de la tâche, et de proportionner les moyens au résultat que l’on veut atteindre. Depuis que la question est posée, beaucoup de projets ont été mis en avant pour se procurer les 3 milliards destinés à payer les Prussiens. On a d’abord songé à une grande souscription publique. Cette souscription, placée sous le patronage des femmes de France, est ouverte sur tous les points du territoire. Dans le cas où elle ne suffirait pas à fournir la somme demandée, on propose concurremment d’autres moyens. Le premier serait d’établir une immense loterie avec des tirages très fréquens, des chances de gain plus ou moins considérables, et une prime assez importante pour le remboursement du capital. On se figure qu’à l’aide de ce moyen, sans allouer aucun intérêt, on trouverait aisément toutes les sommes dont on a besoin, même 4 milliards. Il en résulterait pour l’état une économie notable qu’on évalue à plus de 100 millions par an. D’autres voudraient qu’on recourût à des procédés plus énergiques ; ils imaginent un emprunt forcé sur les contribuables, en le réglant sur le montant de la contribution directe. On donnerait de la rente à un taux déterminé, beaucoup plus élevé que le cours actuel, et les souscripteurs feraient hommage à la patrie de la différence. Enfin il est un système plus radical encore, celui de l’impôt sur le capital. Prenant pour base la richesse publique sous toutes ses formes, au moins matérielles, on l’évalue à un certain chiffre et l’on établit l’impôt en conséquence ; si cette richesse par exemple s’élève à 150 milliards, et qu’on ait besoin de 3 milliards, l’impôt sera de 2 pour 100 sur toute fortune, quelle qu’elle soit. Avec ce système, dit-on, il ne peut y avoir de déception, et, si l’on a calculé juste, on est sûr de trouver la somme cherchée. D’autre part, personne n’échappera, parmi ceux qui possèdent, à la contribution ; chacun la subira en proportion de ses ressources. Les autres systèmes qui ont été mis en avant se rattachant tous plus ou moins à l’un de ceux que nous venons d’indiquer, nous n’en parlerons pas, et réserverons notre examen pour les projets qui ont plus particulièrement appelé l’attention,


I.

Commençons par la souscription publique. Cette idée est fort grande assurément et digne d’enflammer les esprits ; mais, à regar-