litiques, qu’on évite avec soin de faire de cette contribution volontaire une manifestation embarrassante pour le gouvernement, qu’on se réserve les moyens de suppléer par l’impôt ou par le crédit à ce qu’une souscription doit avoir nécessairement d’insuffisant, rien de mieux ; mais ce qui n’est pas moins essentiel, c’est que l’assemblée, en ménageant tout, en faisant la part de tout, ne reste pas étrangère à un mouvement qui, une fois engagé, doit avoir un succès digne de la France, — c’est qu’elle se montre au pays telle qu’elle est, la représentation fidèle de ses sentimens comme de sa souveraineté. L’assemblée, en se faisant l’écho du patriotisme de la France, n’apprendra rien à la Prusse que la Prusse ne sache d’avance, et elle aura plus fait pour l’affermissement de son autorité morale que par bien des discussions sur le 4 septembre ou par bien des propositions sur les incompatibilités.
Nous vivons dans un temps où la paix est laborieuse pour tous, où fourmillent les problèmes qui tiennent les peuples dans un état perpétuel de crise, et où les gouvernemens ont besoin de la plus extrême prudence, de l’esprit de conciliation le plus attentif, pour échapper au danger des conflits toujours prêts à renaître sous toutes les formes. Lord Palmerston, quand il était de ce monde, disait avec son humour britannique qu’il y avait en Europe assez d’élémens inflammables pour une demi-douzaine de guerres, qu’il suffisait d’une allumette chimique pour mettre le feu. La France a été jusqu’ici la plus malheureuse victime d’un de ces incendies que prévoyait lord Palmerston ; l’Angleterre a su s’en préserver, elle s’en préservera encore sans doute, et elle n’est pas moins aujourd’hui plus que jamais dans une de ces situations où elle est obligée de faire bonne garde pour empêcher l’allumette chimique de mettre le feu à ses relations avec les États-Unis. L’allumette, c’est cette question de l’Alabama, qui traîne depuis des années, qu’on croyait finie et qui vient de reparaître, presque menaçante, avec un caractère de gravité imprévue. Le parlement anglais, en se réunissant l’autre jour, s’est trouvé dès le premier moment en face de cette complication à la fois étrange et redoutable, qui est devenue assez difficile à dénouer. Ce qu’il y a effectivement de singulier dans cette affaire, c’est que, si on ne peut admettre sérieusement que la guerre puisse sortir d’un tel incident, on n’entrevoit pas, d’un autre côté, le point de jonction ou de réconciliation entre les États-Unis, qui montrent une ténacité imperturbable, et l’Angleterre, qui oppose une résistance fort naturelle aux prétentions américaines, de sorte qu’il semble aussi malaisé de se tirer de là pacifiquement qu’il serait absurde de livrer la difficulté au sort des armes. Au fond, peut-être le premier tort de l’Angleterre a-t-il été de laisser vieillir ce différend, de compter sur le temps, de croire qu’avec de la patience, en faisant aux Américains des concessions sur d’autres points, par exemple sur les pêcheries canadiennes, elle arriverait à éteindre cette incommode querelle. L’Angleterre a évidemment mal calculé ; elle