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travail des jeunes ouvriers au-dessous de dix-huit ans, la journée du samedi devant être pour eux de neuf heures seulement. Cet acte de 1833 est la vraie base de la législation industrielle anglaise, c’est le premier des documens intitulés factory acts, auxquels toutes les lois postérieures se réfèrent. Il n’y est pas question des femmes ; mais une distinction remarquable y était faite entre les enfans de neuf à onze ans (children) et les adolescens au-dessous de dix-huit ans, (young persons). Le parlement anglais ne tarda pas à modifier ces dispositions en les rendant encore plus favorables à la santés de l’ouvrier, il conserva ces deux catégories de protégés, les enfans et les adolescens et dorénavant il assimila toujours les femmes de tout âge aux adolescens. C’est ainsi que par une voie détournée le législateur britannique en vint à réglementer d’une manière assez étroite le travail des ouvrières industrielles. Les actes se succèdent à de courts intervalles : en 1842, 1844, 1845, 1855, 1860, 1863, 1865 et 1867, on rencontre des lois nouvelles pour restreindre et limiter la durée de la présence des femmes dans les manufactures ou pour leur interdire certaines tâches et prescrire des précautions utiles. Ce qui ressort de l’examen de ces documens parlementaires, c’est que le travail des femmes est réduit à dix heures et demie pour chacun des cinq premiers jours de la semaine, qu’il doit avoir lieu de six heures du matin à six heures du soir, avec une heure et demie d’intervalle pour les repas, et que le samedi la journée doit finir à deux heures de l’après-midi. Ainsi la durée légale du travail des femmes en Angleterre est de soixante heures par semaine, et le travail de nuit n’est pas toléré. Plusieurs de ces lois contiennent toute une série de mesures de détails à observer dans les industries insalubres, telles que les verreries, cristalleries, fabriques de produits chimiques, où sont employées les femmes. Il ne faudrait pas croire que ces prescriptions de la loi anglaise ne s’appliquassent qu’aux usines, il en était bien ainsi à l’origine ; mais peu à peu le parlement s’est enhardi, et il s’est risqué à restreindre le travail de l’ouvrière jusque dans la petite industrie : le document intitulé Workshops régulation act 1867 (acte pour réglementer le travail dans les ateliers) a évidemment ce but. Il commence, suivant la coutume anglaise, par définir les termes dont il va être fait usage : « le mot handicraft (métier), est-il dit, s’applique à tout travail, manuel fait en vue du gain ou donnant lieu à un trafic, et consistant à fabriquer un article quelconque ou une partie d’article, à le modifier, le réparer, l’ornementer, en un mot à préparer un article pour la vente ; le mot workshop (atelier) désigne toute chambre et place quelconque, soit couverte, soit en plein air, où un métier (handicraft) est exercé par un enfant, un adolescent ou une femme, et dans laquelle chambre ou place le