étaient demeurés, qui, par leurs dimensions ou leur caractère indépendant de tout souvenir religieux, permettaient que sans démenti au principe on les exceptât de la mesure générale. C’est ainsi qu’entre autres échantillons de l’architecture française au XVIe siècle, deux œuvres charmantes, — le Portail du château d’Anet, et une partie de la Façade du château de Gaillon, — n’avaient pas quitté la place que Lenoir leur avait originairement assignée. A côté de ces types ou de ces débris qui, depuis l’enlèvement des objets d’art voisins, ne se reliaient plus à la disposition d’ensemble adoptée par le créateur du Musée des monumens français, les bâtimens de la nouvelle École des Beaux-Arts, commencés par Debret, s’élevaient déjà par places à une hauteur assez imposante pour qu’on ne dût pas songer à en réformer absolument le gros œuvre et le plan[1]. On pouvait en modifier la décoration au dehors, ou à l’intérieur la distribution, en enrichir ou en épurer les lignes, en améliorer partout les apparences ; mais il fallait bien tenir compte des travaux en cours d’exécution, et, même en révisant la donnée première, l’accepter bon gré mal gré, à titre de point de départ et de fait. Il fallait en outre par l’élégance des proportions, par la fine correction du style, créer une sorte de connexité entre ce monument moderne et les monumens anciens au milieu desquels il devait s’élever et, sans parti-pris d’imitation, sans prétention archaïque, associer jusqu’à un certain point l’art contemporain aux souvenirs et aux exemples de l’art national à ses plus brillantes époques.
Est-il nécessaire de rappeler avec quel tact supérieur, avec quel sentiment parfait des conditions qui lui étaient imposées et de ses propres droits, l’architecte de l’École des Beaux-Arts a résolu ce double problème ? De l’œuvre entreprise par son prédécesseur, il a si bien fait la sienne, il l’a si heureusement développée, ou, pour
- ↑ L’état d’avancement dans lequel se trouvaient les constructions au moment où Debret cessa d’être l’architecte de l’École des Beaux-Arts était celui-ci : le corps de bâtiment occupé par les loges des concurrens pour les prix de Rome était achevé et déjà mis en service. Du vaste parallélogramme formé aujourd’hui par les bâtimens entourant la cour intérieure qui précède la salle de l’Hémicycle, un seul côté, le côté gauche, était édifié et couvert. L’aile qui lui fait face et la partie contenant la salle de l’Hémicycle ne s’élevaient encore qu’à hauteur de rez-de-chaussée, et dans la cour, alors divisée en deux, une construction était fondée qui devait relier l’un à l’autre les deux grands côtés du parallélogramme et renfermer l’escalier donnant accès au premier étage. Quant au bâtiment principal, celui dont la façade se développe, au fond de la cour d’entrée, derrière les restes du château de Gaillon, il n’en existait absolument rien. Ce beau bâtiment, depuis le soubassement jusqu’à l’attique, est donc l’œuvre toute personnelle de Duban. Il en est de même des constructions, à droite de la cour d’entrée, qui contiennent les salles d’étude d’après le modèle, et de la cour entourée d’un portique occupant l’espace, compris entre ces constructions et celles que Duban devait élever à partir de 1858, les unes perpendiculairement, les autres parallèlement au quai.