les repas de l’ouvrier. Dernièrement encore, dans un établissement industriel du Tarn, M. Talabot vient d’améliorer l’état sanitaire et la vigueur de ses ouvriers en leur donnant beaucoup de viande. Sous l’influence d’une nourriture presque exclusivement végétale, chaque ouvrier perdait en moyenne quinze journées de travail par an, par suite de fatigue ou de maladie. Du moment où l’usage de la viande fut adopté, la perte moyenne par tête et par an ne fut plus que de trois journées. Assez souvent, il faut en convenir, l’alcool n’est pour l’ouvrier qu’un moyen de remédier à l’insuffisance des alimens thermogènes, moyen illusoire qui relève momentanément l’économie pour la miner ensuite avec une redoutable subtilité. Un des meilleurs remèdes contre l’alcoolisme serait certainement la diminution du prix de la viande.
Au point de vue des rapports de la chaleur et du mouvement, l’être vivant peut donc être assimilé à un moteur inanimé, comme une machine à vapeur. Dans les deux cas, la chaleur est engendrée par des combustions et transformée en travail mécanique par un système d’organes plus ou moins compliqués. Dans les deux cas, elle est d’abord à l’état de tension et fournit du mouvement au fur et à mesure qu’elle est requise pour l’exécution d’un travail quelconque. Seulement l’être vivant est un appareil bien plus parfait. Tandis que les machines à vapeur les mieux construites n’utilisent que les douze centièmes de la force disponible, le système musculaire de l’homme a, d’après M. Hirn, un rendement de dix-huit centièmes. D’autre part, le moteur animé a cela de particulier que les. sources de chaleur et les mécanismes y sont intimement confondus, que la chaleur y est produite d’une manière en quelque sorte diffuse par des organes en mouvement, et que celui-ci s’y transforme à son tour en chaleur : complexité incroyable dont la science contemporaine n’a pu démêler les lois simples qu’au prix des efforts et des ressources réunies de la physique, de la chimie et de la biologie.
D’après certains physiologistes, la chaleur ne serait pas seulement dans l’économie la source du mouvement, elle s’y transformerait aussi en activité nerveuse. Le fonctionnement du cerveau serait un travail tout pareil à celui du biceps. L’esprit lui-même devrait être considéré comme engendré par la chaleur. Des expériences récentes de M. Valentin, de M. Lombard, de M. Byasson, et surtout de M. Schiff, sembleraient établir, croit-on, qu’il y a un rapport proportionnel et suivi entre l’énergie des fonctions nerveuses et la température des parties où elles s’accomplissent. M. Gavarret n’hésite pas à conclure de ses recherches que les relations du système nerveux et du système musculaire avec la chaleur sont les mêmes. Seulement, dans le cas des muscles, la force produite se manifeste à l’extérieur par des phénomènes visibles, tandis que dans