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cholestérine, l’acide urique, la xanthine. Tel est le tableau sommaire des principaux phénomènes chimiques qui, s’accomplissant dans l’ensemble de l’économie, provoquent partout un dégagement de chaleur plus ou moins intense. Il n’y a donc pas d’organe central pour la production du feu vital, chaque élément an atomique y participe, et, s’il existe une température à peu près uniforme dans tout le corps, c’est que le sang distribue avec régularité la chaleur dans les différentes parties qu’il baigne.

Comment établir maintenant la quantité de chaleur à laquelle ces réactions peuvent donner naissance ? Lavoisier y arrivait d’une façon très simple. Après avoir comparé l’oxygène absorbé par l’animal avec l’aride carbonique et la vapeur d’eau éliminée, il déduisait le poids du carbone et de l’hydrogène brûlés en supposant que la formation d’acide carbonique et celle de l’eau produisent dans l’économie la même somme de chaleur que si elles avaient lieu au moyen de carbone et d’hydrogène libres. Voici à peu près le résultat qu’il obtenait : un homme de 60 kil. brûle en vingt-quatre heures, à la température moyenne de Paris, 313 grammes de carbone et 22 grammes d’hydrogène, et développe ainsi 3,297 calories. En même temps, il perd par le poumon et la peau 1,243 grammes de vapeur d’eau, qui lui enlèvent 697 calories. Restent donc à peu près 2,600 calories disponibles. D’autres évaluations analogues ont été faites, et les physiologistes en ont tiré cette conséquence, qu’un homme de poids moyen produit dans nos climats 3,250 calories pal-jour, c’est-à-dire la quantité de chaleur nécessaire pour porter à l’ébullition 32 litres 1/2 d’eau. Ces chiffres, quoique approximatifs, donnent une idée suffisamment nette de la puissance thermogène de l’économie animale.

La question a pu être reprise avec plus de précision dans ces dernières années, grâce aux données d’une science nouvelle qu’on nomme la thermochimie, et qui s’occupe des phénomènes chimiques dans leurs rapports avec la chaleur. La thermochimie, au moyen d’appareils calorimétriques très sensibles, détermine le nombre des calories qui sont dégagées ou absorbées dans les combinaisons, en partant des expériences classiques de MM. Favre et Silbermann. M. Berthelot, qui a fait de ce sujet une étude approfondie, ramène les sources de la chaleur animale à cinq espèces de métamorphoses ; ce sont d’abord les effets qui résultent de la fixation de l’oxygène sur divers principes organiques, puis la production d’acide carbonique par oxydation, ensuite la production d’eau, en quatrième lieu la formation d’acide carbonique par dédoublement, enfin les hydratations et les déshydratations. Le savant chimiste a essayé de montrer comment les nombres obtenus dans l’étude des chaleurs de combustion des divers acides organiques, alcools, etc., peuvent être