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UNE MARQUISE
SOUS LA REGENCE
CORRESPONDANCE MANUSCRITE DE 1704 A 1725

Lettres politiques et autres écrites par divers personnages à la marquise de La Cour de Balleroy (1704-1725). — Manuscrits de la Bibliothèque Mazarino, 8 vol. N° 2.791.

Paris, dans le cours agité de son histoire, a perdu plus d’une fois le privilège d’abriter le gouvernement et d’avoir pour hôte le chef de l’état ; mais les variations politiques ne lui ont jamais enlevé sa puissance de séduction ni ce rayonnement de l’esprit qui est la forme libérale de sa souveraineté. Il serait intéressant de rechercher comment cet empire inamovible, cette magie de l’exemple éclatant et de l’influence victorieuse agissait au loin sur les imaginations à une époque où la chaleur du foyer parisien, interceptée par mille obstacles, gagnait si difficilement la province. Le comte de Montlosier, au début de ses mémoires, a essayé de peindre l’immobilité de l’ancienne France et les relations laborieuses du centre avec les extrémités. Deux traits se détachent du tableau qu’il a tracé : une gazette fort sèche venant de Paris tous les huit jours, un coche à moitié vide partant de la province une fois par semaine, voilà ce qui représente jusqu’à la fin du règne de Louis XV le mouvement des intelligences, la circulation des personnes, l’activité des affaires. Eh bien ! il y avait même alors, au fond des contrées les moins vivantes, parmi ces populations sédentaires, nombre de curieux et d’impatiens qui ne se résignaient ni à cette langueur chronique ni à cette ignorance : Parisiens émigrés, exilés politiques, provinciaux épris de l’inconnu, illustrations de la cour