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tion soulevée depuis plusieurs années pour plusieurs sortes de réformes dans l’instruction publique. Cette agitation a porté spécialement sur l’enseignement secondaire et sur le haut enseignement. Il s’agissait d’abord, là comme ailleurs, de décider quelle part de l’enseignement classique devrait être conservée en vue de l’instruction secondaire, et quelles concessions il serait à propos de faire aux nécessités modernes, c’est-à-dire à l’étude des langues vivantes, à la géographie, aux notions élémentaires d’économie politique, etc. Le plus souvent, en Suède comme en France, la meilleure solution du problème se trouvait être l’institution de quelques-uns de ces colléges que nous appellerions primaires-supérieurs, où se peut donner une instruction à la fois suffisamment littéraire et très pratique. D’autre part certains esprits réclamaient pour le haut enseignement la création d’une nouvelle université ou école supérieure à Stockholm. Cependant, outre l’université de Lund, au midi de la Suède, il y a, tout près de la capitale, à deux heures par le chemin de fer, celle d’Upsal, à qui certes ne manquent ni la tradition ni la renommée. Les partisans du nouveau projet ont évidemment pensé que l’influence d’un milieu plus actif et plus politique ne serait pas redoutable pour de nouvelles tendances scientifiques et littéraires. Ils avaient proposé d’abord la translation des chaires d’Upsal à Stockholm ; en face d’une résistance absolue, ils n’ont compté que sur une fondation spéciale due à leurs propres forces. L’initiative privée se mit à l’œuvre ; des comités recueillirent en dons volontaires des sommes aujourd’hui considérables, et voici, quand on fut prêt à s’affirmer en ouvrant de premiers cours, sans aucune aide de l’état, quel plan on se proposait. Un comité de quelques membres seulement prendrait en main toute l’administration, notamment l’admission et la révocation des professeurs. Tout ce qui regarde les programmes et la bonne conduite des études serait sous la direction d’un de ces professeurs, nommé par ses collègues et prenant le titre de recteur. Les cours, non gratuits, et auxquels les femmes seraient admises, comprendraient les trois vastes domaines des sciences mathématiques et physiques, des sciences politiques et morales (droit civil et ecclésiastique, droit romain, droit criminel, procédure, économie sociale, statistique, etc.) et des sciences philosophiques et historiques (philosophie, histoire, philologie, etc.). Stockholm ayant dans l’Institut carolin une célèbre et florissante faculté de médecine, on négligeait dans la nouvelle fondation cet enseignement ; on ajournait la théologie. — Une telle solidarité s’est établie entre les divers peuples de l’Europe que partout et presque dans les mêmes temps, comme on le voit, de communes questions s’imposent et appellent des solutions pareilles.

Le progrès des institutions politiques avait donc éveillé les ré-