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et les chambres où l’on avait déposé les livres imprimés, c’est-à-dire dans la partie des bâtimens sur la rue de Richelieu limitée aujourd’hui d’un côté par la galerie du département des médailles, de l’autre par le corps de logis faisant face à la place Louvois.

Au bout de quelque temps néanmoins, lorsque les droits de la Bibliothèque à une occupation définitive ayant été officiellement reconnus, il fut permis de revenir sur les empressemens de la première heure, on sentit la nécessité d’assigner au cabinet des estampes un local plus spacieux. Aux inconvéniens résultant de l’installation dans le bâtiment sur la rue de Richelieu se joignait d’ailleurs un grave danger, celui du feu, que menaçaient de lui communiquer d’un instant à l’autre les cheminées de l’appartement habité au même étage par le bibliothécaire en chef ou les cheminées des logemens établis dans les combles tant pour les autres « officiers de la Bibliothèque du roi » que pour les employés en sous-ordre et les hommes de service[1]. Il fut donc décidé que le cabinet des estampes quitterait ce périlleux voisinage pour aller, vers la fin de l’année 1738, s’établir au rez-de-chaussée du bâtiment sur la cour parallèle à celui qu’il avait jusqu’alors occupé, dans la grande salle qui précède aujourd’hui la salle des Globes. Pendant les douze années qui suivirent, il n’eut pas en effet d’autre asile ; mais, au bout de cette période, nouveau changement déterminé par un nouveau danger. Si les estampes, là où on les avait mises, se trouvaient préservées des chances d’incendie, elles n’échappaient pas aussi sûrement aux risques d’une détérioration graduelle. L’humidité du lieu commençait à compromettre si bien la santé de ces précieuses pièces que, aux termes d’un rapport adressé alors à l’abbé Bignon, quelques-unes d’entre elles paraissaient « près de s’en aller en bouillie, » tandis que les planches gravées du Cabinet du roi s’oxydaient déjà « de manière à cesser d’être sous peu en état de fournir des épreuves. »

On prit donc le parti de déménager encore une fois ces planches gravées et ces estampes. A la demande de Hugues-Adrien Joly, qui venait d’être nommé garde en remplacement de Delacroix, elles furent en 1751 transportées dans les entre-sols du corps de logis par lequel les bâtimens sur la rue de Richelieu se reliaient à ceux que longe aujourd’hui le jardin parallèle à la rue. Vivienne[2]. C’est là que pendant plus d’un siècle le cabinet des estampes vit se

  1. Sur l’état authentique des personnes logées alors à la Bibliothèque figurent vingt-deux fonctionnaires ou employés, deux suisses, deux frotteurs et les nombreux domestiques de l’abbé Bignon.
  2. Ce corps de logis dit la Traverse s’élevait sur une partie de l’emplacement qu’occupe à présent la grande salle de travail du département des imprimés.