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LES
MISSIONS EXTÉRIEURES
DE LA MARINE

III.

LA STATION DU LEVANT.


I.

L’ARCHIPEL GREC ET LES CÔTES DE L’ASIE-MINEURE AVANT L’INSURRECTION.

De toutes les missions que le soin de nos intérêts extérieurs et le juste souci de notre influence ont imposées depuis soixante ans à notre marine, la plus délicate et la plus importante a été sans contredit celle qu’ont remplie dans les mers du Levant, de 1816 à 1830, les officiers successivement appelés au commandement de cette station navale. Il ne s’agissait au début que de rouvrir à notre commerce un trafic dont nous avions eu pendant deux siècles le monopole ; mais bientôt la mission devint plus compliquée. Proscrit par le sultan, le pacha de Janina s’était mis en état de rébellion ouverte ; il tenait en échec toutes les forces disponibles de l’empire. La vaste conspiration mystique qui couvait en Grèce choisit cette occasion pour éclater. Pendant que les populations chrétiennes se soulevaient de toutes parts, le fanatisme musulman appelait, pour les réduire, les milices asiatiques aux armes. Une sanglante anarchie menaçait dès lors sur le continent la sécurité de nos compatriotes, dans les îles celle de nos protégés, les Grecs du rit catholique. La piraterie, pendant ce temps, désolait l’Archipel. La navigation y était devenue pour les neutres plus périlleuse que sur