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bois des environs de Mouroundava[1]. La présence de mammifères de l’ordre des rongeurs était douteuse, elle ne l’est plus ; au pays des Sakalaves antimènes, un gros rongeur herbivore a été rencontré[2]. On ignorait si le crocodile des fleuves de la Grande-Terre était de l’espèce d’Afrique ou d’une autre ; on sait à présent qu’il est d’une espèce particulière.

Depuis quelques années, les richesses zoologiques de Madagascar ont attiré des naturalistes sur ce coin du monde. Un savant hollandais, M. François Pollen, et un habile chasseur, M. Van Dam, après avoir visité les îles Comores, sont venus fouiller les bois du nord de la Grande-Terre, et se sont avancés chez les Sakalaves de la tribu des Antancars. Plusieurs espèces d’animaux, jusqu’alors inconnues des zoologistes, ont été trouvées ; des observations sur le pays et sur les habitans ont été consignées. La relation du voyage, écrite en langue française, est en voie de publication[3]. Un investigateur anglais chargé d’une mission par un amateur des États-Unis, M. Crossley, est allé poursuivre la recherche des oiseaux sur les côtes du nord-est, et il a eu de bonnes fortunes[4]. Les matériaux qui nous procurent la connaissance très précise de la faune de Madagascar se sont prodigieusement accumulés ; les récentes découvertes fournissent de nouvelles preuves du caractère tout spécial de cette faune.

Nous venons de parler de l’état actuel, mais n’avons-nous pas dit qu’il était possible d’entrevoir un état antérieur, une époque où vivaient à Madagascar des animaux des plus remarquables dont les espèces sont maintenant éteintes ? La découverte d’une foule d’os d’hippopotames, de membres et d’œufs d’æpyornis, de restes de tortues colossales, de coquilles ensevelies dans le sable des dunes, est une révélation. Tout le monde a entendu parler des œufs énormes, — six fois plus gros que ceux de l’autruche, — apportés à Paris il y a une vingtaine d’années, et qui sont exposés dans une vitrine des galeries du Muséum d’histoire naturelle. Ces œufs étaient parvenus, accompagnés de quelques fragmens d’os trouvés dans le même gisement, débris d’un oiseau de proportions extraordinaires auquel Isidore Geoffroy Saint-Hilaire donnait le nom d’æpyornis géant[5]. Lorsque le savant fit part à l’Académie des Sciences de

  1. Potamochœrus Edwardsii, Grandidier.
  2. Hypogeomys antimena, Grandidier.
  3. Recherches sur la faune de Madagascar et ses dépendances d’après les découvertes de François Pollen et Van Dam, Leyde.
  4. Les oiseaux découverts par M. Crossley sont décrits par M. Sharpe : Proceedings of the zoological Society, 1870-1871.
  5. Æpyornis maximus. Voyez à ce sujet, dans la Revue du 15 octobre 1870, p. 695, les Animaux disparus depuis les temps historiques.