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belles îles du monde ; elle servira les intérêts de la marine marchande. Aujourd’hui des capitaines de navires perdent souvent plusieurs jours à chercher un endroit de la côte mal indiqué, et les marins instruits par une longue pratique, fiers de leur avantage, se gardent bien de fournir aux autres le moindre renseignement.

Nous avions peu d’indications précises sur le climat de la grande île africaine, dont se louaient tant nos anciens compatriotes du fort Dauphin. M. Grandidier a tenu registre pendant plus de deux ans de la température à différentes heures de la journée, ainsi que de l’état général de l’atmosphère ; ses observations conduiront à expliquer de curieuses particularités dans la distribution de certains végétaux et de plusieurs espèces animales. À Madagascar, les orages sont fréquens dans la saison chaude et les pluies très abondantes, le climat n’est pas le même à la côte orientale, à la côte occidentale et dans l’intérieur ; mais jamais nulle part la chaleur n’est très intense ni le froid très vif. Au niveau moyen des montagnes du massif central, le thermomètre marque encore 6 degrés au-dessus de zéro dans les nuits les plus froides. C’est seulement sur les sommets des monts Ankaratra et sur quelques pics d’une élévation de 2,000 mètres que la température s’abaisse au degré de congélation, et le cas, paraît-il, est assez rare.

On a pu voir dans le cours de ce récit combien jusqu’à présent étaient restreintes nos informations relatives à la nature des terrains de la grande île africaine ; de ce côté, les recherches de M. Grandidier commencent à répandre la lumière. Elles révèlent l’existence des terrains jurassiques sur une vaste étendue, et apprennent que le sol des montagnes de l’ouest et de toute la plaine occupant l’espace entre le massif granitique central et la mer appartient à la période géologique secondaire ; elles prouvent la présence des terrains de l’époque tertiaire sur différens points, en particulier au voisinage de Tulléar, et de dépôts d’alluvions ou de terrains quartenaires en plusieurs endroits. De nombreux fossiles ont été recueillis par M. Grandidier ; étudiés par un des naturalistes du Muséum, le docteur P. Fischer, ils rendent absolument certaine la détermination des étages de chacune des périodes géologiques. Ces fossiles, les uns identiques aux espèces qu’on rencontre en Europe, les autres très voisins, montrent pour les êtres des anciennes périodes de la terre une dissémination dont les faunes actuelles offrent peu d’exemples. L’explorateur de Madagascar s’est inquiété de ces fameuses richesses minérales qui ont toujours préoccupé les Européens ; au milieu des massifs situés à 20 lieues au sud-ouest de Tananarive, il a reconnu de beaux gisemens de cuivre et de plomb, et il en existe assurément beaucoup d’autres. La province d’Imerina