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faire acte de mauvais patriote. Pour l’administration civile, les métropolitains doivent trouver leur principale force dans le concours des commissions. Le clergé et les laïques s’entendent donc sans difficulté ; ils sont associés dans une œuvre commune, comme du reste ils se trouvent réunis pour l’élection au trône œcuménique. Ce n’est même pas au nom de la foi que par le et agit surtout l’évêque ; il est plutôt le représentant de l’ancien empire byzantin que d’une secte religieuse. C’est ce qui fait qu’un clergé à bien des égards médiocre ne provoque aucune critique chez un peuple intelligent. Le pope a toujours été en communauté d’idées avec la nation. Dans un pays où l’église a légalement une si haute autorité, toute velléité de tyrannie religieuse est inconnue.

Comme il n’y a pas de hameau sans épitropies, on n’en trouve pas non plus un seul qui ne possède au moins une école primaire ; le nombre des Grecs qui ne savent pas lire est très peu élevé. Ces écoles se divisent en deux classes, les unes donnent l’enseignement mutuel, les autres ce qu’on appelle dans le pays l’instruction hellénique, c’est-à-dire que leur programme renferme tout ce qu’un Hellène doit savoir : le grec ancien, l’histoire générale, l’arithmétique, les élémens des sciences naturelles. Les élèves perdent même beaucoup de temps à traduire quelques pages de latin et font des exercices français. Si imparfaite que soit cette éducation, elle entretient le goût des choses de l’esprit. Les Grecs y attachent la plus grande importance ; partout on trouve des legs faits aux écoles. Le saint-synode s’occupe souvent des programmes ; on peut voir dans la correspondance récemment publiée du patriarche Grégoire, mis à mort par la Porte au début de la révolution grecque, une longue suite de lettres qui leur sont consacrées. En 1857, le patriarche a revu le règlement général de ces institutions ; son encyclique fait autorité aujourd’hui. Quelques établissemens se distinguent par une plus grande importance. Tel est à Constantinople celui que l’on appelle la grande école de la nation, véritable gymnase où on suit les programmes de nos lycées ; tels sont le gymnase de Philippopolis, qui possède une belle bibliothèque et un musée, celui d’Alexandrie, fondé par les frères Abéti, celui de Janina qui compte déjà deux siècles d’existence et qui porte aujourd’hui le nom de ses derniers bienfaiteurs, les frères Zosimas. Le collège de Janina existait au xync siècle, sous le nom d’école de Gkiouma, grand marchandée Venise, qui avait donné l’argent nécessaire pour l’établir. En 1820 un incendie détruisit tous les établissemens de la communauté grecque. Huit ans plus tard, cinq frères épirotes, Jean, Anastase, Michel, Zois et Nicolas Zosimas, fixés en Russie, où ils avaient fait fortune, attribuèrent tous leurs biens à la ville pour rétablir le gymnase et un hospice. Le premier fonds, dont une partie a été