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recueils et de pièces, si le tout, comme la plupart des collections qui existent en Europe, constituait uniquement un musée de gravure ; mais, — on l’a vu par ce que nous avons dit de ses accroissemens successifs, — notre dépôt national n’a ni ce caractère exclusif ni cette utilité restreinte. Les documens intéressant d’autres études que celle des chefs-d’œuvre de l’art y figurent à peu près pour un tiers, et, parmi les personnes qui viennent chaque jour travailler au département des estampes, un tiers aussi y est attiré par des recherches étrangères en réalité à la gravure ou à la peinture, par le besoin de s’éclairer sur quelque point d’archéologie ou d’histoire, de résoudre quelque question d’un ordre tout scientifique. On conçoit dès lors l’avantage que peut présenter pour ceux qui se livrent à ces recherches la réunion sous un même toit des renseignemens figurés et des renseignemens écrits concernant une même matière, on devine le profit que leur assure le contrôle facile, immédiat, de ces documens les uns par les autres.

En outre, aux termes des règlemens, les livres avec planches, soit qu’ils aient été anciennement publiés, soit qu’ils proviennent du dépôt légal, appartiennent de droit au département des imprimés. Il n’y a là qu’une prescription parfaitement juste ; mais, en raison de cette répartition même, les rapports entre le département des estampes et le département des imprimés sont à peu près quotidiens. Il ne se passe guère de séance où l’on n’ait l’occasion de se renvoyer, réciproquement quelque demande ayant fait fausse route, et, une fois averti de son erreur, celui qui l’a commise en est quitte pour aller consulter dans une salle voisine l’ouvrage dont il n’avait pu obtenir la communication là où il s’était d’abord présenté. Pourrait-on sortir d’embarras aussi aisément et aussi vite, si le département des estampes cessait d’appartenir à la Bibliothèque ? Il serait facile de produire bien d’autres argumens tirés de la pratique. N’en avons-nous pas assez dit toutefois pour faire pressentir les graves inconvéniens qu’entraînerait un déplacement, et pour justifier au besoin l’administration compétente qui refusait, il y a quatorze ans, de donner suite au projet de scission qu’on lui demandait alors de ratifier ?

Enfin une autre objection, — mais celle-ci plus limitée dans son principe et moins radicale dans les termes, — a été élevée contre l’organisation actuelle du département des estampes, et ne saurait non plus être laissée sans réponse. On a reproché à ce département, on lui reproche encore d’usurper sur les prérogatives du Louvre en conservant dans ses collections un certain nombre de pièces dessinées, et de démentir par là, aussi bien que le titre qu’il porte, les conditions qui déterminent sa raison d’être et sa fonction. Il est