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progrès de notre école à partir de ses origines jusqu’à la moitié da XIXe siècle à peu près. Le mérite de la plupart des estampes, à ne les considérer qu’au point de vue de l’exécution, la beauté des épreuves ou la rareté des états, et, là où se rencontrent des dessins, la finesse ou l’habileté du faire, — tout est de nature à renseigner les artistes aussi utilement que les érudits, à alimenter les études les plus diverses et à satisfaire aux recherches, quels qu’en soient le principe et l’objet.

La collection Hennin est donc une source d’informations unique ou plutôt un véritable monument décrit d’ailleurs dans ses détails par celui-là même qui l’avait élevé et qui y a trouvé en grande partie les matériaux de l’ouvrage dont il achevait le dernier volume bien peu de temps avant sa mort[1]. Est-il besoin d’ajouter que cette collection a été conservée au département des estampes telle qu’elle était au sortir des mains qui l’avaient formée ? Rompre l’unité d’un pareil ensemble eût été au moins imprudent, et lors même que M. Hennin ne se fût pas prononcé d’avance à ce sujet, aucun changement n’eût été essayé, aucune modification introduite par l’impossibilité où l’on se serait trouvé de faire mieux qu’il n’avait fait. Tout devait se borner, tout se borna effectivement à la reliure de ces pièces si judicieusement classées et, la série entière une fois répartie dans les volumes, à la mise en service immédiate.


III

La donation faite en 1863 par M. Hennin clôt, dans l’histoire du département des estampes, la liste des actes de libéralité les plus considérables. Certes depuis l’époque où ce précieux legs a été recueilli, le dévoûment des hommes en situation de concourir à l’accroissement de notre collection nationale n’a pas plus manqué que par le passé, le zèle des bienfaiteurs ne s’est pas ralenti, et tout récemment encore un amateur à qui la Bibliothèque était redevable déjà de plus d’un bon office se procurait à ses frais, pour la lui offrir, une rare estampe de Marc-Antoine, qu’elle ne se trouvait pas à ce moment en mesure d’acquérir ; un autre, M. Gatteaux, de l’Institut, échangeait contre le médiocre exemplaire que possédait le département des estampes un exemplaire qui lui appartenait du célèbre recueil dit le Jeu de cartes d Italie, et qui avait une valeur

  1. Les Monumens de l’histoire de Fronce, catalogue des productions de la sculpture, de la peinture et de la gravure relatives à l’histoire de la France et des Français, Paris 1856-1663 ; 10 vol.