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généraux d’application, quelques difficultés de détail pourront se présenter encore. Si, comme cela est admis aujourd’hui au département des estampes, l’on prend pour règle dans le classement alphabétique la prééminence de la qualification nobiliaire sur le nom même du personnage représenté, il arrivera peut-être que, faute de se rappeler le titre qu’aura porté ce personnage, si connu qu’il soit d’ailleurs, tel d’entre nous ne réussira pas sans quelque peine à en trouver le portrait dans une collection ainsi classée. Tout va de soi quand il s’agit, comme pour la marquise de Maintenon, pour la marquise de Pompadour, de titres popularisés par l’histoire ou par l’usage ; mais semblera-t-il aussi naturel à quiconque voudra voir le portrait de Diane de Poitiers ou le portrait de Gabriel)e d’Estrées de demander ceux de la duchesse de Valentinois et de la duchesse de Beaufort ? Pour prendre un exemple plus près de nous et certes dans un ordre de célébrité fort différent, le nom de Monge est resté présent à toutes les mémoires : se souviendra-t-on aussi généralement de celui du comte de Peluse ? Et pourtant, la règle une fois posée, on ne saurait l’enfreindre sans introduire le désordre ou tout au moins une fâcheuse inégalité, sans retomber dans ces procédés de répartition capricieuse dont nous signalions tout à l’heure le danger. Il est facile d’ailleurs, au moyen de renvois, de venir en aide à ceux qui oublient ou qui ignorent, et d’inscrire sur le feuillet réservé au nom patronymique l’indication du nom de terre ou de fief, de la distinction honorifique quelconque qui aura décidé de la place assignée dans un autre volume au portrait absent de celle-ci.

L’heureuse innovation provoquée par l’entrée de la collection Debure au département des estampes avait été précédée d’une autre au moins aussi utile, et qui devait avoir la plus sérieuse influence sur l’organisation même du service et sur les moyens d’étude. Depuis l’époque où le cabinet formé par l’abbé de Marolles était devenu la propriété de la Bibliothèque jusqu’aux années voisines de celle où la collection Debure allait être acquise à son tour, toutes les pièces propres à composer l’œuvre d’un artiste ou un ensemble de documens sur une matière avaient été successivement reliées en raison de leur origine ou de leur destination commune. Comment arriver néanmoins à constituer si bien chacun de ces recueils que la série des estampes méritant d’y figurer fût complète, la somme des renseignemens définitive, et que cette reliure fixe, en scellant pour ainsi dire l’histoire d’un talent ou les élémens d’information sur un sujet, marquât irrévocablement les limites dans lesquelles les études devaient se circonscrire ? Il fallait bien faire la part des omissions involontaires, des découvertes futures, des rôdes, pressentis ou non,