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ces subdivisions dont les proportions comme le nombre peuvent s’étendre indéfiniment, le désordre dans les places à assigner n’est pas plus possible que l’incertitude dans les recherches. Il n’y aurait de trouble ou d’équivoque que si, au lieu de se conformer, comme on l’a fait depuis plus de soixante ans, à la méthode originairement adoptée, on avait négligé ou l’on négligeait un jour d’en appliquer les principes aux intercalations nouvelles. Que maintenant on critique les choix en vertu desquels une prééminence apparente a été attribuée à telle classe de travaux sur telle autre, — qu’à l’exemple du savant Daunou, qui ne se consolait pas, à propos des livres imprimés, de voir la théologie marquée d’un A au lieu d’un Z, on juge certaines catégories d’estampes improprement rangées au commencement, au milieu ou à la fin de la collection générale, — libre à chacun d’avoir à ce sujet ses aversions ou ses préférences, Suit-il de là qu’une réforme soit nécessaire et que le vieux système de classification se trouve, comme on l’a dit, « en désaccord avec les idées nouvelles, avec le développement des sciences ? » Les intérêts de la science ou de l’art ne sauraient être fort gravement compromis par une application même arbitraire des lettres de. l’alphabet aux diverses matières scientifiques ou aux œuvres des différentes écoles. Pourvu que chaque espèce de documens ait sa place bien déterminée, il importe assez peu que cette place soit en tête ou en queue de la collection.

Est-il besoin d’insister ? Que toutes les branches des connaissances humaines et de l’histoire de l’humanité représentées par la gravure forment chacune une catégorie distincte et partagée elle-même en autant de sections que cette branche aura de rameaux, — que les ouvrages relatifs à une matière spéciale soient par le signe qu’ils portent nettement séparés de ceux qui appartiennent à un autre ordre d’idées et de sujets, — voilà le point capital ; le reste n’est plus guère qu’une affaire de goût, étrangère en réalité aux nécessités du service. C’est parce qu’elle satisfait à cette condition essentielle que la classification adoptée au département des estampes peu après l’époque de la révolution a été maintenue, et devra l’être encore. Nous ne prétendons pas qu’elle supprime toutes les difficultés de détail, que dans la pratique aucune inadvertance ou, le cas échéant, aucune faute n’ait été ou ne puisse être commise. En bibliographie comme ailleurs, il n’est pas de système, si bon qu’il soit, qui préserve absolument des embarras et même, à certains momens, des périls ; ce que nous voulons dire seulement, c’est que celui-ci a en général l’avantage d’être aussi simplement conçu qu’aisément applicable, et que si, au lieu de quelques modifications partielles dont l’usage a démontré la convenance, les