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du capital social (32,800,000 francs) ; de plus une nouvelle réserve est en voie de formation au moyen d’un prélèvement spécial de 15 pour 100 sur les bénéfices annuels. A la fin de 1871, cette nouvelle réserve dépassait déjà 11 millions de francs. Ce double capital est représenté par des titres différens : un titre d’action, qui ne donne droit qu’à un intérêt de 5 pour 100, un titre dit part de réserve, qui donne droit au partage de tous les bénéfices qui dépassent cet intérêt. Les parts sont au nombre de 31,000 comme les actions, nominatives ou au porteur, et se négocient avec elles ou séparément. Pour 1871, l’action a reçu son intérêt de 52 francs 91 cent., la part de réserve un dividende de 97 francs 50 cent., et la nouvelle réserve a été accrue d’une somme de 17 francs 48 cent. par titre. Pour un capital primitif de 1,058 francs, c’est un bon placement. La moyenne des dix dernières années est un peu inférieure à ces chiffres ; à la cote officielle de Bruxelles fin septembre 1872, les actions de la Société générale valaient 1,167 francs 50 cent., et les parts de réserve 2,730 francs.

Si l’on veut résumer en quelques traits l’histoire de cette société, on peut dire qu’elle a eu trois phases : avant 1830, elle a surtout placé ses ressources en fonds publics ; aussi subit-elle cette année une perte de plus de 8 millions, ce qui ne l’empêcha point, après la séparation de la Belgique et de la Hollande, de contribuer à l’affermissement du crédit public du nouvel état en souscrivant aux emprunts. Elle n’eut pas à s’en plaindre ; elle réalisa ainsi de gros bénéfices et prit à ce moment la sage mesure de mettre à la réserve les profits provenant de ces sortes d’opérations. Ce n’est qu’à partir de 1835 que la Société générale s’occupa sérieusement de remplir sa mission industrielle ; mais tout d’abord elle n’agit que par intermédiaires, créant deux sociétés, l’une du Commerce, l’autre des Entreprises industrielles, qu’elle subventionna, et qui fondaient et géraient elles-mêmes les entreprises nouvelles. La liste de ces entreprises est très longue, elle renferme un grand nombre de hauts-fourneaux, de charbonnages, de mines, etc. A partir de 1849 et à la suite de désastres commerciaux, la direction reconnut que la Société générale, laissant à d’autres le soin de gérer des affaires où elle était la principale intéressée, faisait fausse route, et courait les plus grandes chances de perte sans avoir les plus gros bénéfices. Les sociétés du Commerce et des Entreprises industrielles furent liquidées, et la Société générale s’intéressa directement dans toutes les entreprises qui réclamèrent son appui. C’est à partir de cette troisième période qu’elle prit surtout une part active dans la création des chemins de fer.

Aujourd’hui la situation du grand établissement belge est des plus solides ; les actionnaires n’ont qu’à jouir d’une fortune on ne