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pour 400, ce mince bénéfice, rapporté au capital versé, représente 18.43, — 23.55, — 18.02 et 20.21 pour 100[1]. Notons encore, à l’avantage des banques anglaises sur les nôtres, que les frais généraux y sont beaucoup moins élevés. On n’y connaît point ces soins minutieux pris pour la conservation des titres, l’établissement des comptes particuliers, le paiement des coupons, etc. Nos établissemens, et la société générale de Crédit mobilier en a offert le plus remarquable exemple, sont des modèles de contrôle, de promptitude, de régularité : le public y est conduit pas à pas et, comme dans nos chemins de fer, avec un souci incessant de sa sécurité. Un tel ordre est admirable sans doute, mais il se paie cher, et comme en dehors de ces services, qui ne coûtent presque rien aux cliens, on alloue aux dépôts un intérêt bien plus élevé qu’en Angleterre, il est difficile que nos établissemens produisent pour leurs actionnaires les mêmes avantages en se bornant aux mêmes opérations.

Après l’Angleterre, c’est l’Allemagne qui présente le tableau des sociétés de crédit les plus nombreuses, et dont la création, à vrai dire, est la plus récente. La cote de Berlin, à l’article Bank-und Industrie-Actien, donne une liste de soixante-neuf sociétés dont les titres sont l’objet de transactions de bourse, et parmi lesquelles ne figurent d’autres établissemens étrangers que ceux dont l’ambition allemande revendique déjà la nationalité, tels que les banques d’Amsterdam, d’Anvers et de Luxembourg. Les dividendes donnés par ces associations de capitaux sont pour la plupart satisfaisans ; pour l’exercice 1871, la moyenne est certainement supérieure à 10 pour 100[2].

L’Autriche, qui semble vouloir reconquérir par le travail la situation que ses armes lui ont fait perdre, est loin de présenter un ensemble d’institutions aussi imposant. Il y a cependant douze banques par actions à Vienne, la plupart avec un caractère international, et cinq à Pesth ; Trieste en compte trois, et Prague deux. Le capital de ces sociétés est en général peu élevé, et n’atteint pas souvent 10 millions de florins en capital nominal, soit moins de 25 millions de francs ; le Credit-anstalt ou Crédit mobilier, dont le siège est à Vienne, a seul un capital de 40 millions de florins tout versé ; les plus élevés sont ensuite la Banque anglo-autrichienne, qui figure

  1. Nous extrayons la plupart de ces chiffres d’un intéressant travail sur les banques anglaises fait par M. Rabino, directeur de la succursale du Crédit lyonnais à Londres, sur la demande de l’administration de cette société. C’est pour nous un devoir de louer sans réserve le soin avec lequel celle-ci étudie et fait étudier ce qui concerne la situation de tous les états et de toutes les grandes entreprises au dedans et au dehors.
  2. Les banques de Brême, Lübeck, Worms, ont donné 7 pour 100, la Norddeutsche, la Preussische, la Schlesische, la Dessauer Landesbank, plus de 12, la Darmstädter et la Berliner 15 pour 100, le Bank-Verein 16.