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la Revue l’objet d’une série d’études de M. Eugène Forcade ; nous avons, nous aussi, étudié à plusieurs reprises le mécanisme des sociétés financières, dont le but est d’aider à la circulation ou à la création du capital. Nous pouvons dès lors, sans discuter les principes universellement acceptés, nous borner à relater le résultat des applications qui en ont été faites.

Il est juste de rappeler que les écrivains financiers n’ont pas seulement vulgarisé les entreprises qui ont si largement modifié les habitudes du public ; ils ont eux-mêmes quelquefois contribué à les fonder ou à les administrer. Le contrôle de la presse a profité aux directeurs des sociétés comme à leurs cliens ; les règles, mieux discutées, ont été plus utilement suivies, et l’on a pu surmonter ainsi des difficultés que d’autres temps avaient trouvées insolubles. Dans la comparaison que nous faisions naguère entre lus événemens de 1848 et ceux de 1870-1871, nous remarquions que tous les établissemens de crédit existant à Paris en 18418 avaient dû entrer en liquidation[1], tandis que les années 1870-1871 présentaient un résultat tout contraire. C’est donc dans un espace de vingt et quelques années, puisque après la révolution de février il a fallu recommencer à nouveau toutes les entreprises de ce genre, que l’éducation universelle s’est faite, que les mœurs financières se sont transformées, que les sociétés de crédit ont repris une marche toute nouvelle, et c’est principalement dans les derniers temps de cette période que les résultats les plus significatifs ont été obtenus.


I

A l’exception de deux ou trois sociétés de crédit fondées à Lyon, Lille et Marseille, qui sont, à proprement parler, des annexes d’établissemens parisiens, c’est dans la capitale que toutes les institutions financières ont leur siège, c’est à la Bourse de Paris que les titres se négocient. La cote officielle en présente, à commencer par la Banque de France, une liste de dix-neuf ou exclusivement françaises ou mi-partie françaises et étrangères, et de trois étrangères seulement. Les titres de ces vingt-deux sociétés[2] se négocient au

  1. , Sauf la caisse Béchet, qui par prudence se hâta de rembourser à ses actionnaires la moitié de leur capital, mais continua honorablement les affaires avec l’autre moitié jusqu’en 1870, terme statutaire de son existence.
  2. Voici la liste des dix-neuf sociétés de crédit dont les titres sont négociés à terme à Paris et suivant l’ordre où elles figurent sur la cote : la Banque de France, la Banque de Paris et des Pays-Bas, le Comptoir d’escompte, le Crédit agricole, le Crédit foncier colonial, le Crédit foncier de France, la Société algérienne, le Crédit industriel et commercial, le Crédit lyonnais, la société de Crédit mobilier, la Société des dépôts et comptes-courans, la Société financière de Paris, la Société générale pour favoriser le commerce et l’industrie en France, le Sous-Comptoir du commerce et de l’industrie (en liquidation), la Banque franco-autrichienne-hongroise, la Banque franco-égyptienne, la Banque franco-hollandaise, la Banque française et italienne, la Banque de l’union franco-belge. — Les trois sociétés de crédit purement étrangères sont : la Banque ottomane, le Crédit foncier d’Autriche, la société de Crédit mobilier espagnol.