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Russie toute la garde, sauf les gardes du corps, toute l’artillerie, deux régimens de hussards, deux de cuirassiers, quatre d’infanterie de ligne, trois bataillons d’infanterie légère, au total environ 25,000 hommes. Ils se battirent bravement en Russie comme en Espagne, à Smolensk, à Valoutina, à la Moskova, à la Bérésina. Ils étaient partis 25,000, ils revinrent 500, Il n’y avait plus d’armée westphalienne, il allait ne plus y avoir de royaume. Jérôme eut beau s’épuiser à créer de nouveaux régimens, à reconstituer les anciens : la désertion provoquée par la fermentation nationale allemande lui enlevait ses soldats. Leipzig vint mettre un à ce labeur désespéré. Au moment de se dissoudre ou de passer à l’ennemi, l’armée westphalienne avait reçu un dernier témoignage de Napoléon : aux débris de l’armée d’Espagne, il distribua 13 rubans de la légion d’honneur, aux revenans de Russie 81. C’était peu; « mais on pouvait dire, s’écrie Hellrung, que le soldat qui portait ces décorations était brave entre des milliers de braves! »

Outre l’armée, la garde, la gendarmerie, les compagnies de vétérans, il y avait dans certaines villes, notamment à Cassel, une garde bourgeoise pour la police municipale.

A l’organisation militaire de la Westphalie peut se rattacher la création de l’ordre royal de la couronne de Westphalie, bien que cette décoration ait été attribuée indistinctement au mérite civil et aux services militaires. Dès le 11 juillet 1808, Jérôme en envoyait le projet à Napoléon; il essaya de désarmer sa rude ironie, dont Louis de Hollande avait essuyé tant de boutades. « Je sais, insinuait-il, que cette institution plaira beaucoup aux Allemands. Votre majesté connaît leur caractère. Beaucoup d’entre eux ont été obligés de quitter leurs décorations, et rien ne leur sera plus agréable que de voir fonder un nouvel ordre de leur royaume. » Napoléon, paraît-il, montra de l’indulgence pour cette faiblesse des Allemands et pour celle de son frère.

Les biens de l’ancienne abbaye de Quedlinburg, de l’ancienne prévôté de Magdebourg, et bientôt ceux des ordres de Malte et teutonique furent affectés à la dotation de cet ordre, exactement calqué sur celui de la Légion d’honneur. Le roi était grand-maître. Le Camus grand-chancelier provisoire. Les chevaliers avaient un revenu de 250 fr., les commandeurs de 2,000; les trois grands-commandeurs avaient de 6,000 à 12,000, le trésorier 12,000 et le grand-chancelier 20,000, dépense excessive dans la situation financière du royaume. La décoration consistait en une médaille à jour surmontée d’une aigle couronnée et tenant dans ses serres un foudre avec cette inscription : Je les unis. L’aigle impériale unissait en effet d’autres animaux héraldiques : les deux lions de Brunswick et de Hanovre, le cheval de la Hesse, l’aigle de Prusse. Un serpent qui se mordait