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en Espagne, ils ont toujours répondu que c’était un malheur pour eux, puisque c’était le seul endroit où l’on se battait, et que le plus grand plaisir que le roi pût faire au régiment était de l’envoyer vis-à-vis de l’ennemi. Les officiers, sous-officiers et soldats restés au dépôt sont au désespoir de ne pouvoir rejoindre le régiment. » Ils partirent en effet pour l’Espagne, de tout aussi bon cœur qu’ils avaient pu s’embarquer autrefois pour l’Indoustan ou l’Amérique, lis se distinguèrent au combat d’Hinojosa contre les guérillas de l’indépendance espagnole. Napoléon leur faisait les mêmes reproches qu’adressait naguère Jérôme aux auxiliaires bavarois ou wurtembergeois dans la campagne de Silésie : « votre régiment est indiscipliné et a fait du tapage en France; écrivez-lui que cela est mal. » Il usait pourtant de grands ménagemens et insistait auprès de son frère pour qu’on ne lui envoyât que des troupes « qui vinssent volontiers. »

Après Baylen, Napoléon demanda 1,000 ou 1,800 hommes à son frère. Celui-ci mit toute une division à ses ordres : elle se composait de trois régimens d’infanterie de ligne, de deux batteries à pied, deux régimens de cavalerie, se montait à 6,000 hommes environ, et était placée sous le général de division Morio et les généraux de brigade Bœrner et Webern. Elle arriva le 12 mars 1809 à Metz, où le général français Roger la félicita de sa bonne tenue, de son attitude militaire, de son instruction, de sa discipline; elle partit aussitôt pour l’Espagne. Nous la retrouvons sept mois après, cette malheureuse division; il en est question dans une lettre de Jérôme à son frère, datée du 10 octobre. « Sire, je prie votre majesté de permettre que je fasse revenir d’Espagne une division qui, de 5,800 hommes qu’elle était, se trouve réduite à 1400 hommes, de sorte que, si elle reste plus longtemps, je n’en retirerai pas l’avantage que je m’en étais proposé, celui d’aguerrir des troupes et de former des fonds de régimens qui, de retour dans leur pays et étant complétés, seraient très bons... Je suis assuré en outre que cela produira un effet excellent en leur prouvant qu’ils ne sont pas vendus à la France, comme ils se le sont persuadé. » En cette même année 1809, les autres troupes westphaliennes eurent à lutter contre l’insurrection de Dœrnberg et Martin, contre les incursions de Katt, de Schill, de Brunswick-OEls, etc.

Pendant les campagnes de 1809, l’armée westphalienne reçut un nouveau développement. Le royaume ayant fourni cette année 16,000 conscrits et 1,000 enrôlés volontaires, on forma un nouveau régiment de cavalerie légère, d’infanterie de ligne, un bataillon d’infanterie légère. Après l’annexion du Hanovre, on mit encore sur pied trois régimens d’infanterie, le 2e cuirassiers, le 2e hussards. En 1812, l’armée westphalienne fournit pour l’expédition insensée de