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pour vous servir, de la jeunesse, qui s’attachera à vous. » La garde devait être complétée par une compagnie de 100 gendarmes, tous Français parlant allemand. Ces quatre corps seraient commandés par quatre capitaines-généraux « équivalens à mes quatre maréchaux, » qui devraient être officiers de la couronne et dont deux seraient Français. Pour l’armée de ligne, il fallait commencer à former quatre régimens d’infanterie, « selon la mode hessoise, qui est si économique, pour employer les officiers et soldats des différens princes qui régnaient dans les états où vous êtes. » Napoléon ne trouvait pas utile pour son frère d’avoir des cuirassiers : « vous n’êtes pas une puissance assez grande pour avoir un corps respectable de grosse cavalerie ; ce qu’il vous faut, c’est de la cavalerie légère. » Il lui faisait donner des canons et des fusils, ceux-ci assez médiocres d’ailleurs, pris sur la Hesse et la Prusse. Il recommandait de veiller à bien organiser le service des transports, d’avoir tant de caissons par mille hommes, de pourvoir les troupes en campagne de bonnes capotes et de fusils de rechange, etc.

Jérôme prit des conseils de son frère ce qu’il lui plut d’en suivre, mais travailla avec une certaine ardeur à organiser son armée. Il espérait se débarrasser de 12,500 Français qui vivaient les uns dans les garnisons de Magdebourg, Brunswick et Cassel, les autres en quartier chez l’habitant. Naturellement ils coûtaient plus cher que les troupes allemandes, et leur présence était compromettante pour la dignité de la couronne westphalienne. Napoléon avait envoyé dans le royaume des troupes polonaises en supplément. Jérôme réclama avec énergie. « Tout le monde est soldat dans la Westphalie, et l’on voit avec peine que, tandis que les nationaux, officiers et soldats, meurent de faim, je prenne à mon service 9,600 Polonais. » Il finit par obtenir leur départ pour la France. Alors il se mit à l’œuvre : le royaume fut partagé en trois divisions et huit subdivisions militaires; les généraux de division étaient Rewbell à Cassel, Rivaud à Brunswick, Eblé à Magdebourg. Ils avaient sous leurs ordres les généraux de brigade Diemar et Bœrner à Osnabrück et Marbourg, Webern et Lehsten à Heiligenstadt et Gœttingen, Motz à Halberstadt. Rivaud ayant été remplacé par Lepel, ancien officier de l’électeur, on voit que la presque totalité des chefs supérieurs étaient de nationalité allemande. L’armée westphalienne était tombée un peu dans le vice des petites armées, le trop grand nombre des généraux, car le Hessois Von Usslar, les Français Morio, Sahla, Ducoudras, d’Albignac, étaient également des généraux.

D’autres décrets organisèrent la conscription, une caisse des invalides, enfin la garde royale. Malgré les avis de Napoléon, elle fut composée de gardes du corps, de grenadiers, de chasseurs et de chevau-légers. La solde de l’armée de ligne, inférieure à celle