comme une barrière naturelle de plus de 20 kilomètres. Entre la forêt et la Loire, il y a un espace assez resserré de 11 kilomètres, où le sol est un peu plus accidenté, où les fermes et les villages se pressent. Cette trouée était en réalité la porte de la Touraine à garder et à défendre. C’est là que le général Chanzy se proposait d’arrêter l’ennemi, en appuyant la droite de son armée à la Loire par Beaugency et en couvrant sa gauche par la forêt de Marchenoir, tandis qu’il s’établissait lui-même au centre des positions, à Josnes. Il aurait eu besoin, il est vrai, de quelques jours pour reconstituer ses forces, et il avait à peine quelques heures. Ce n’était pas en quelques heures qu’il pouvait réparer tous les désordres, refaire ses divisions appauvries par quatre journées de combat et par la démoralisation de la défaite, ramener à lui ceux de ses soldats qui s’étaient dispersés en Sologne ou même vers Blois. On avait eu heureusement l’idée d’envoyer en avant de Beaugency, sous les ordres du général Camò, une division d’un 19e corps en formation ; d’un autre côté, le 21e corps, conduit par le général Jaurès, arrivait à point pour occuper les défilés de la forêt de Marchenoir, de sorte que Chanzy pouvait disposer encore d’un certain ensemble de forces, et, si le moral des troupes était affaibli, il comptait bien suppléer à tout par sa propre énergie aussi bien que par la vigueur de ses lieutenans, dont l’un, l’amiral Jauréguiberry, venait de prendre le commandement du 16e corps.
Les Allemands, qu’on dit toujours si prévoyans, si pénétrans, ne se rendaient pas compte des mouvemens de l’armée française, et ce qui se passait du côté de Chanzy leur était encore plus inconnu que le reste. Après avoir laissé un jour de repos à ses troupes, le prince Frédéric-Charles, établi lui-même à Orléans, lançait le IIIe corps prussien du côté de Gien et quelques forces en Sologne à la poursuite de nos malheureux soldats en retraite ; il chargeait en même temps une division d’infanterie hessoise et une division de cavalerie de suivre la Loire par la rive gauche, tandis que sur la rive droite le grand-duc de Mecklembourg, reprenant un commandement indépendant, devait s’avancer vers Tours par Beaugency et Blois, avec les Bavarois, avec la 17e et la 22e division d’infanterie et deux divisions de cavalerie. Le grand-duc en réalité ne savait pas ce qu’il avait devant lui ; il croyait peut-être faire une promenade militaire jusqu’à Tours, lorsque dès ses premiers pas, le 7 décembre au matin, il rencontrait une résistance imprévue. C’était le commencement de la lutte improvisée par Chanzy.
Ainsi, après trois jours de trêve, les Allemands retrouvaient devant eux une partie de cette armée, qu’ils croyaient avoir dispersée. Les forces du général Chanzy, distribuées entre la Loire et la