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aides-de-camp, de ses chambellans, de ses aumôniers, de ses pages. Il fut reçu à la porte par le président des états, comte de Schulenburg-Wolffsburg ; sur un trône élevé sur une estrade, il prit place en habit de soie blanche, manteau de pourpre, toque à plumes enrichie de diamans, souliers de soie blanche à rosettes blanches et à talons rouges. Ses serviteurs et ses ministres l’entouraient; ses pages étaient assis sur les gradins de l’estrade. Un grand-maître des cérémonies, suivant l’étiquette des meilleures cours, transmettait les ordres du roi à un maître des cérémonies; celui-ci, à son tour, faisait parvenir la parole royale à un député des états; ce dernier enfin remplissait la mission d’appeler chacun de ses collègues par département et par ordre alphabétique, et de les présenter au roi. Le député présenté prêtait, soit en français, soit en allemand, le serment constitutionnel : « je jure obéissance au roi et fidélité à la constitution. » Jérôme se leva ensuite pour lire son discours, et les députés, qui avaient joui du droit de « rester couverts devant le roi, » ôtèrent leurs chapeaux empanachés et prêtèrent l’oreille. Il leur parla de la dette publique, sujet peu agréable, des « qualités belliqueuses qui distinguèrent toujours leurs ancêtres, et qui allaient recevoir de la conscription militaire un plus grand développement, » du bien du royaume « que nous avons tous à cœur.» Il conclut en ces termes : « nous y travaillerons de concert, moi en roi et en père (il avait alors vingt-trois ans, et la plupart des députés étaient des barbons), vous en sujets fidèles et affectionnés. » La séance fut naturellement levée aux cris de vive le roi! vive la reine! Le même jour, les députés de la Westphalie reçurent l’invitation « d’assister au grand couvert. » Plus d’un s’imagina qu’il allait enfin goûter à la chère royale. Les « bons Allemands » avaient compté sans l’étiquette sublime de la nouvelle cour. On les conviait simplement à voir leurs majestés siéger en grand appareil, servies par leurs grands-officiers, qui prenaient les plats des mains des domestiques pour les poser sur la table. Quelques jours après, on invita les députés à la table du grand-maréchal, à un festin plus substantiel dont le grand-chambellan faisait les honneurs.

Dans la séance suivante, le ministre Siméon lut aux députés un exposé de la situation du royaume. Il le prononça en français, et le conseiller d’état Jean de Müller le traduisit en allemand aux auditeurs. Au contraire, à l’ouverture de la session de 1810, Wolfradt, ministre de l’intérieur, lut en allemand l’exposé d’usage.

En réalité, on n’avait réuni les états de 1808 que pour en obtenir l’autorisation de faire un emprunt. Comme on n’avait encore qu’un petit nombre de projets de lois à leur soumettre, la session fut très courte; celle de 1810 fut en revanche des plus importantes. Les divers ministres avaient déployé la plus grande activité pour mettre