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exprimèrent la crainte que l’introduction du code Napoléon n’amenât le morcellement des biens. On demandait encore que la langue allemande restât langue officielle, que toutes les places fussent données à des indigènes, que les pensions aux serviteurs des princes déchus fussent garanties. Jérôme, qui sur tant d’autres points n’était pas le maître, admit du moins le principe qu’un état allemand devait être administré par des Allemands, et, sans oser trancher la question de la langue officielle, promit d’apprendre l’allemand, assurant qu’il le parlerait correctement dans deux ou trois ans. En réalité, il ne put ou ne voulut jamais l’apprendre. Au moins son frère Louis écorchait passablement le hollandais.

En attendant l’arrivée du roi, la Westphalie était administrée par une régence provisoire, composée du comte Beugnot, de Siméon, du général Lagrange, de Jollivet, qui avait été chargé en 1801 de l’organisation du département du Rhin, et qui resta plus tard à Cassel comme administrateur des domaines impériaux. Aucun des quatre régens ne savait l’allemand : ils s’adjoignirent comme secrétaire un Rhénan, Mosdorf, conseiller de préfecture à Mayence. Ce gouvernement dura trois mois, du 1er septembre au 1er décembre 1807. La Westphalie continuait à être foulée par les passages de troupes et les réquisitions. Comme Napoléon n’avait pas encore révoqué les gouverneurs-généraux et les intendans de l’administration précédente, il y avait de continuels conflits entre les diverses autorités.

Jérôme, en quittant Paris, se rendit d’abord chez son beau-père, le roi de Wurtemberg, et arriva seulement le 7 décembre au palais de Wilhemshöhe, auquel il donna le nom, si fameux depuis, de Napoleonshöhe. « Ce nom paraît plaire aux habitans, écrivait-il à son frère, et il rappelle de qui je tiens mon royaume. » Il adressa immédiatement une proclamation «à ses bons et fidèles sujets et habitans du royaume de Westphalie. »


« La divine Providence avait marqué cette époque pour réunir sous une auguste institution vos provinces éparses et des familles voisines et pourtant étrangères... C’est pour les peuples que Napoléon a vaincu... Westphaliens, tels furent les résultats des trois journées de Marengo, d’Austerlitz, d’Iéna, telle est aujourd’hui la conséquence du mémorable traité de Tilsitt. Ce jour-là, vous avez obtenu le premier des biens : une patrie... Westphaliens, vous avez une constitution appropriée à vos mœurs et à vos intérêts. Elle est le fruit de la méditation d’un grand homme et de l’expérience d’une grande nation. »


Par un décret du même jour (7 décembre), il transforma les membres de la régence provisoire en ministres provisoires : Siméon