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DU
ROLE DES FEMMES
DANS L’HISTOIRE DE FRANCE

LES FAVORITES.

Il y a longtemps déjà, on a protesté ici contre la tendance qui portait les romanciers et les dramaturges à choisir de préférence leurs personnages dans les classes déchues et les classes dangereuses; nous signalions alors les graves inconvéniens que présentait, au point de vue de la moralité publique et de la dignité de notre caractère national, cette continuelle exhibition de types dégradés et flétris[1], car, ainsi que l’a dit un grand écrivain, il n’y a que la santé qui ne soit pas contagieuse, et l’on ne donne pas impunément pour pâture intellectuelle à la curiosité du lecteur l’épopée des truands et des filles perdues. Ce que nous avons dit au sujet du roman et du théâtre, nous pouvons le répéter à l’occasion de certaines monographies prétendues historiques consacrées à ces pimbêches et rosées femelles, comme les appelait Sully, que les caprices des rois ont fait asseoir sur les marches du trône. Brantôme a fait école, et depuis Odette de Champdivers jusqu’à la comtesse Du Barry nous avons règne par règne le roman des reines anonymes de la dynastie capétienne.

A de rares exceptions près, les écrivains qui de notre temps exploitent cette branche de littérature s’en tiennent à la partie pure-

  1. Statistique littéraire, dans la Revue du 15 novembre 1847.