les cas aux bureaux d’origine le soin de tracer expressément la route des dépêches jusqu’au bout de leur parcours. Si naturel que soit leur désir, fallait-il aller pour le satisfaire jusqu’à renoncer à une disposition utile au service? La conférence ne le pensa pas, et ce fut là un des premiers conflits graves qui s’élevèrent entre les champions des deux camps.
Nous ne suivrons pas d’ailleurs dans ses différentes phases cet antagonisme qui règne désormais entre les compagnies et les états. Nous l’avons spécifié par quelques traits particuliers, et il suffit de rappeler en termes généraux que c’est là maintenant le plus gros embarras que rencontre l’association télégraphique. En vain les délégués de Rome cherchèrent à l’atténuer en modifiant le régime des adhésions au traité, et ce n’est pas trop s’aventurer que de dire qu’ils manquèrent le but. On en jugera par la lettre qu’un groupe de compagnies unies remit à la conférence avant de se retirer. On y lit : « Les délégués des compagnies unies pour le service de l’Inde, de la Chine et de l’Australie regrettent d’avoir à vous faire part qu’ils jugent de leur devoir de ne pas faire acte d’adhésion plus intime que par le passé à la convention. Ils considèrent que le désir de l’uniformité, de la part des hautes puissances contractantes, l’a emporté sur le droit des entreprises privées, sans qu’il leur ait été accordé aucune compensation... Ils pensent que la tendance de plusieurs amendemens adoptés dans la révision actuelle a été d’apporter plus de restriction à la liberté des compagnies que n’avait fait la convention de Vienne, et que, lorsque des modifications ont été proposées, les vœux des compagnies ont été subordonnés à la protection d’intérêts opposés et à l’accroissement de la réglementation gouvernementale... Les compagnies se proposent donc de continuer à vivre comme précédemment sous la forme du modus vivendi qui a existé sous l’empire de la convention de Vienne. » La lettre se terminait par un appel à la protection du parlement britannique, qui soutiendrait sans doute ses nationaux non-seulement devant le Post-Office et l’administration indienne, mais encore vis-à-vis des autres états.
On voit que les délégués de Rome n’ont fait aucun progrès dans le sens d’une entente avec les compagnies. L’antagonisme que nous avons signalé subsiste comme par le passé. Continuera-t-il à s’accuser aussi nettement, ou en viendra-t-il à s’effacer? Les intérêts des états et ceux des compagnies réussiront-ils à se fondre ensemble ou restera-t-il entre eux une opposition constante? Cette opposition sera-t-elle utile ou nuisible aux intérêts du public? Ce sont autant de questions qui restent en suspens.
Dans cet état de choses, on comprend l’importance particulière