Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distinctes au moment où nous les introduisons dans notre récit, ont depuis lors confondu leurs intérêts. Elles ne forment plus qu’une seule grande ligne qui, par un tracé entièrement sous-marin, relie l’Angleterre à Bombay.

La péninsule indienne sert d’origine à tout un réseau qui couvre l’extrême Orient. Au-delà de l’Inde, on trouve : la British Indian extension Company, qui a deux câbles, l’un de Madras à l’île de Pénang, l’autre de Pénang à Singapour, extrémité de la pointe de Malacca; — la British Australian Company, qui joint Singapour à l’île de Sumatra et à Java, puis Java à Port-Darwin, pointe nord de l’Australie du sud ; ses câbles ont été placés dans les premiers mois de l’année 1872; — la China submarine Company, qui a ouvert au mois de juin 1871 la ligne de Singapour à Hong-kong, passant par Saïgon, et qui joint par conséquent la Cochinchine française à la métropole; — enfin la Great northern China and Japan extension Company, qui, dans cette même année 1871, a joint Hong-kong à Shang-haï, ainsi que Shang-haï au Japon.

Tous les rameaux dont il vient d’être parlé en dernier lieu sont, comme on le voit, greffés sur un tronc unique, qui est la grande ligne anglaise de Falmouth à Bombay. Ce tronc principal a pour trait caractéristique de traverser le bassin de la Méditerranée; il dessert ces rivages où s’est de tout temps développée l’activité humaine, et qui forment comme la région classique de l’humanité. Aussi la Méditerranée a-t-elle été de bonne heure le théâtre de nombreuses entreprises de télégraphie sous-marine, et nous aurions une interminable liste à dresser si nous voulions mentionner toutes les sociétés qui y ont installé des câbles pour un temps plus ou moins long. C’est ainsi que des tentatives répétées ont été faites pour joindre la France à l’Algérie, tantôt directement, tantôt par l’Espagne ou les Baléares, tantôt par la Corse et la Sardaigne, tantôt enfin par l’Italie et la Sicile. Nous trouverions parmi les compagnies qui n’ont qu’une importance de second ordre, mais qui cependant subsistent depuis longtemps et donnent des dividendes à leurs actionnaires, la Mediterranean extension Company, qui joint la Sicile à Malte et qui a également un câble d’Otrante à Corfou. Tout en nous bornant à un exposé aussi rapide que possible, nous devons nommer la Marseille, Algier’s and Malt a Company, qui a un caractère plus spécialement français que les autres. Elle a posé un câble direct de Marseille à Bône et un autre de Bône à Malte; comme on lui a concédé l’usage d’un fil qui, traversant la France, joint sans aucun intermédiaire Londres à Marseille, elle s’est trouvée en passe d’obtenir dans une certaine mesure le transit des Indes jusqu’à Malte. Cette situation a d’ailleurs amené un ré-